Travailler dans un autre secteur que sa formation
Pas toujours facile de trouver le job parfait quand on ne rentre pas dans les « cases ». Le marché du travail pousse parfois l’homme à reconsidérer ses propres choix. Nous avons testé pour vous l’hypothèse haute et l’hypothèse basse de l’« hétéro-emploi ».
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Exercer un métier aux antipodes de sa formation initiale n’est pas une tendance neuve. Cela existe depuis longtemps, et il suffit parfois de chercher du côté des générations précédentes pour trouver des comptables devenus journalistes ou des peintres devenus secrétaires. Cette pratique est si courante qu’en grec, il y a un mot pour la désigner : on parle d’« hétéro-emploi » (ετεροαπασχÏŒληση).
Mais si cette tendance s’illustre également à l’époque actuelle, ce n’est plus forcément pour les mêmes raisons que par le passé. Hormis les causes intrinsèques à une époque révolue (métiers naissants, croissance économique), il était jadis plus aisé d’intégrer un certain corps de métier, lorsqu’il n’existait pas d’études spécifiques pour celui-ci. Une option difficile de nos jours, où l’on trouve des formations de plus en plus spécialisées.
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Avec un taux de vacance d’emploi en hausse (en Belgique il est de 2,5 % début 2012 contre 1,6 % fin 2011, selon Eurostat), certains facteurs poussent des personnes à exploiter une autre facette de leur formation, voire carrément à se réorienter professionnellement. À la source de ces voies alternatives, une question de choix : il y a ceux qui l’ont et ceux qui en manquent.
Parmi les premiers, il y a Nicolas. Gradué en informatique, il n’a pas galéré longtemps. Embauché dans une grande compagnie en tant que technicien commercial, il est passé rapidement responsable. Un emploi stable, avec des possibilités d’évolution dans un secteur porteur. Une bonne nouvelle, mais qui peut tourner au vinaigre, surtout dans certains métiers où l’offre excède parfois la demande et où le marché se retrouve saturé. Mais ce n’est pas ce qui a poussé Nicolas à changer : Insatisfait de mon salaire, mon augmentation a été refusée. Devant cette impasse, il n’a fait ni une ni deux et a démissionné. Je suis comme ça, assez impulsif, avoue-t-il en souriant. Il a donc postulé simultanément aux concours d’admission de la SNCB et de la Police. Avec succès. J’ai réussi les deux. Du coup, j’avais le choix, ça a quasiment été un pile ou face. La pièce est retombée du côté SNCB.
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Dans l’autre versant, il y a ceux qui se réorientent par manque de débouchés dans leur profession. C’est le cas d’Annelise qui, après cinq ans d’études à l’Isti, obtenait son diplôme de traduction pendant que l’économie s’effondrait. Rien ne laissait présager que j'allais entrer dans une Europe en telle crise. J'ai cherché du travail pendant cinq mois non-stop. D'abord dans mon domaine. Et puis, j’ai épluché toutes les annonces en français. Une pénurie qui s’explique par la nature même du travail de traducteur. Comme d’autres domaines, la traduction est un métier qui se ramifie en de nombreuses spécialisations et qui fonctionne beaucoup sur le bouche à oreille. Si elle n’a pu trouver de place sur ce marché, elle s’est par contre vu proposer directement un CDI dans un des magasins du groupe Inditex où elle avait postulé en tant que vendeuse. Là, elle a pu gravir les échelons : d’un temps partiel, elle est rapidement passée à un 30 h/semaine, puis à un temps plein comme responsable de deux magasins.
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En pratique
Changer de carrière, pourquoi pas, mais ça dépend vers quoi on se tourne. Mieux vaut viser un secteur en constante demande, comme Nicolas, aujourd’hui aux commandes de trains qui sillonnent le pays. Un poste aux antipodes de son travail de bureau : Un moment à Charleroi, l’autre à Namur… La grosse différence, c’est que l’on n’accumule pas le stress des jours précédents. Pas de travail à rattraper, pas de dossiers en retard. Bon ou mauvais, chaque jour est différent et, tous les matins, les compteurs sont remis à zéro. Et le salaire est nettement plus satisfaisant. Qu’il s’agisse de la SNCB, de la Police ou encore de la Stib, les services publics recrutent constamment, mais le manque d’effectifs se fait ressentir. Nous sommes peu nombreux. Donc, on ne peut pas prendre congé facilement, sinon il n’y aurait personne pour conduire les trains !
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Elli Mastorou