Salaires : les provinces pèsent aussi dans la balance
De nombreux critères influencent le salaire, comme le diplôme, le secteur ou la fonction. Mais aussi la localisation de l’entreprise, comme le démontre une étude de SD Worx. C’est dans le Limbourg que les ouvriers sont les mieux payés, les employés tirant leur épingle du jeu à Bruxelles.
Pour les ouvriers, c'est dans le Limbourg que le salaire médian est le plus élevé, à 2.805 euros selon les données collectées, Bruxelles fermant dans ce cas la marche à 2.506 euros.
De nombreux facteurs influencent les niveaux de salaire que l’on peut espérer: le diplôme, bien évidemment, mais aussi le niveau de responsabilités ou encore la taille de l’entreprise, étant entendu qu’au plus ces critères sont élevés, au plus la rémunération l’est, de manière générale, également.
Le caractère tendu ou non du marché de l’emploi dans le secteur concerné, ou dans la fonction recherchée, contribue également à soutenir le candidat dans sa négociation salariale, sachant que certains secteurs rémunèrent globalement mieux que d’autres : toutes choses étant égales par ailleurs, mieux vaut travailler, à fonction équivalente, dans la pharma que dans l’horeca, par exemple.
Le prestataire de services SD Worx s’est intéressé quant à lui à un autre critère de différenciation : la géographie, ou, plus précisément, l’implantation de l’entreprise, qui exerce effectivement un impact sur le niveau de rémunération octroyé. Pour ce faire, SD Worx dit s’être appuyé sur les « données salariales réelles de 400.000 salariés belges à temps plein » et a compilé ces données pour livrer un « salaire mensuel brut médian » par province, cliché au mois de mars 2022.
Différences régionales et provinciales
De quoi s’agit-il ? « Par « salaire mensuel brut », nous entendons le montant mensuel figurant sur la fiche de paie, sans les primes de fin d’année et les pécules de vacances. Ce montant ne tient pas non plus compte des avantages extra-légaux, ni des coûts de l’employeur », précise-t-on chez SD Worx. La médiane de l’échantillon est ce qui sépare ce dernier en deux parties équivalentes en nombre : le salaire médian est donc celui en dessous duquel se situent 50 % des salariés de l’échantillon, et au-dessus duquel se situe l’autre moitié des travailleurs.
Il en ressort que les différences sont effectivement très sensibles. Ainsi, à l’échelle régionale, le salaire médian est 7,88 % plus élevé en Flandre (2.985 euros), qu’en Wallonie (2.766 euros). Mais c’est à Bruxelles, siège de nombreuses multinationales, que le salaire médian est le plus élevé du pays : 3.322 euros.
Si on décline l’exercice par province, on constate que c’est en Brabant flamand (3.086 euros) et en Brabant wallon (3.072 euros) qu’il vaut mieux rechercher un emploi, les autres provinces flamandes affichant toutes un salaire médian supérieur à 2.900 euros, à l’exception de la Flandre-Occidentale (2.860 euros), les autres provinces wallonnes affichant toutes un salaire médian inférieur à 2.800 euros, le Luxembourg étant le moins bien loti (2.631 euros).
Ceci étant, l’exercice gagne à être affiné davantage encore en fonction du type de profil concerné. Qu’en est-il, donc, selon qu’on exerce son métier en tant qu’ouvrier ou en tant qu’employé ?
Pour les employés, Bruxelles mène la danse
C’est à Bruxelles, dans le Brabant flamand et le Brabant wallon que sont observés les salaires les plus élevés, de manière générale mais aussi pour les employés, qui y sont par ailleurs surreprésentés. « Pour ceux-ci, la valeur médiane est passée à 3.522 euros en 2022. C’est à Bruxelles que le salaire médian est le plus élevé, à près de 4.000 euros bruts (3.911,5 euros) », précise-t-on chez SD Worx. Pour les ouvriers, c’est dans le Limbourg que le salaire médian est le plus élevé, à 2.805 euros selon les données collectées, Bruxelles fermant dans ce cas la marche, à 2.506 euros.
On notera cependant que l’exercice de la comparaison est globalement et potentiellement plus rémunérateur pour les employés que pour les ouvriers. Pour ces derniers, l’écart maximal de rémunération entre les provinces est en effet de l’ordre de 300 euros alors qu’il monte à 1.169 euros pour les employés.
Critère important d’attractivité
« Le salaire brut médian des ouvriers a augmenté au cours des trois premiers mois de 2022 pour atteindre 2672 euros, en excluant des suppléments tels que les primes pour le travail de nuit ou autres suppléments sectoriels », poursuivent les auteurs de l’étude. « En tant qu’ouvrier, il peut être intéressant d’examiner les régions où l’industrie est très présente. Les employeurs de ces régions feraient bien d’étendre leur campagne de recrutement au-delà des frontières de leur province. De cette manière, ils peuvent attirer de nouvelles personnes dans leur entreprise, même si les trajets sont un peu plus longs. »
Et de préciser, à l’attention des employeurs encore, que faire l’exercice de la comparaison est judicieux dès lors qu’on veut garantir son attractivité. « Cet exercice est plus important que jamais dans la bataille des talents. Des recherches récentes confirment que les salaires restent la première condition de base pour que les travailleurs ne partent pas ou ne deviennent pas mécontents. »
On notera enfin que ces données sont encore amenées à évoluer cette année, qui sera fortement influencée par le cocktail « inflation – indexation ». Le prestataire de services confirme cela par le biais d’un exemple chiffré. « Supposons que vous gagnez le montant médian, alors vous avez vu votre salaire indexé en moyenne, en Wallonie, de 52 euros bruts en 2018, de 62 euros en 2019, de 48 euros en 2020 et de 37 euros en 2021. » Alors que, pour 2022, SD Worx calcule que le montant de l’indexation moyenne s’élève déjà à 93 euros pour les trois premiers mois.
Quant à savoir si cette indexation est bel et bien suffisante pour absorber la totalité des hausses de prix actuelles, c’est un débat dont chacun mesure l’importance aujourd’hui, y compris dans sa vie quotidienne…