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Vers un retour de la période d’essai ?

Rédigé par: B.J.
Date de publication: 25 avr. 2016

La polémique enfle entre syndicats et représentants  du patronat sur l’éventuelle réintroduction de la période d’essai. Dont la suppression début 2014 aurait conduit nombre d’employeurs  à privilégier l’intérim et les contrats à durée déterminée.

L’enquête avait été menée en juin 2015 par l’Union des classes moyennes (UCM). Elle avait alors révélé les conséquences fâcheuses de la suppression de la clause d’essai, décidée pour rappel dans le cadre de la mise en place d’un statut unique entre ouvriers et employés.

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Réalisée auprès de 3.000 employeurs, trois quarts des entreprises sondées employant moins de 10 travailleurs – soit l’essentiel du tissu économique, en particulier en Wallonie, cette enquête démontrait que deux tiers des employeurs avaient hésité et/ou renoncé à recruter après la disparition de la clause d’essai. Quelque 78 % d’entre eux avaient modifié leur stratégie en recourant soit à l’intérim (28 %) ou au contrat à durée déterminée (84 %).

« La suppression de la clause d’essai a donc conduit à la multiplication des contrats précaires, constate Philippe Godfroid, président de l’UCM. Ce n’est dans l’intérêt ni des employés, qui espèrent légitimement bénéficier d’emblée d’un contrat à durée indéterminée, même incluant une période d’essai de quelques mois, ni dans l’intérêt des employeurs qui veulent recruter des talents dans une perspective de long terme. »

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L’erreur est humaine

Le problème ? Il réside dans le fait qu’un recrutement, pour nombre de patrons de PME, représente évidemment un risque important. En particulier le risque… de se tromper. A défaut de pouvoir tester les candidats pendant plusieurs mois et éventuellement conclure à l’échec sans pour autant devoir payer de lourdes indemnités, ces patrons continuent de les tester par d’autres biais : l’intérim et le contrat à durée déterminée.

« On pense souvent que la période d’essai ne sert qu’à l’employeur, poursuit Philippe Godfroid. Or, elle est évidemment aussi très importante pour le nouvel engagé : se plaît-il dans la fonction, est-il à l’aise avec la culture de l’entreprise ? Nous sommes le seul pays en Europe qui a décidé de se priver de cette période pourtant hautement importante pour les deux parties. » Côté syndical, on ne l’entend pas de cette oreille. Toutes tendances confondues (FGTB, CSC, CGSLB, Setca), on dénonce surtout une question de principe. La suppression de la période d’essai faisait en effet partie d’un vaste compromis dans lequel patrons et syndicats avaient dû lâcher du lest dans le cadre d’une longue et complexe négociation relative à l’uniformisation des statuts des ouvriers et employés. Autrement dit : réintroduire cette clause d’essai, à la demande des employeurs, obligerait à leurs yeux à obtenir d’autres contreparties et dès lors à rouvrir le débat.

Quoi qu’il en soit, c’est au gouvernement fédéral que reviendra la responsabilité de réinstaurer cette période d’essai si, d’ici le mois d’octobre, les partenaires sociaux ne se sont pas mis d’accord à ce sujet. Dans l’immédiat, la perspective d’un tel accord semble très éloignée…

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