Les « mad skills », ces compétences individuelles qui enrichissent une culture d’entreprise
On connaissait les hard et les softs skills. Depuis près de trois ans, on parle aussi des « mad skills ». Découlant d'expériences atypiques, celles-ci prennent une place grandissante dans le cadre des processus de recrutement des candidats.
Il est facile aujourd’hui de distinguer « hard skills », compétences techniques, et « soft skills », compétences de savoir-être. Pour Joël Poilvache, Regional Managing Director chez Robert Half, « les ‘mad skills’ sont des ‘soft skills’ qui disent quelque chose de plus sur celles-ci. Elles sont acquises par des expériences de vie atypiques, des expériences d’entreprenariat réussies ou non, des voyages particuliers, des échecs ou des réussites, les hobbies, le fait de surmonter un handicap… Cela peut générer une capacité de résilience. Pratiquer du sport, parfois de haut niveau, nécessite une discipline, une capacité de se faire mal pour atteindre des objectifs supérieurs. »
Identifier ses propres « mad skills » n’est pas nécessairement chose aisée. « Il est évidemment plus facile de se connaître un peu mieux quand on a déjà roulé sa bosse quelques années que quand on sort tout frais des études », reconnaît Joël Poilvache. « Quand on se prépare à rechercher un nouvel emploi, il est important de faire le point sur soi-même. Il peut être intéressant d’avoir un peu de feedback de ses proches, famille et amis. Il faut aussi arriver à mettre tout ça en lien avec la fonction ou l’entreprise pour laquelle on postule. Il est important que le candidat fasse ce lien, parce que le recruteur ne va pas toujours le faire. Ce serait dommage de manquer l’opportunité de mettre ça en avant, au bon moment et de la bonne manière. »
> A lire aussi : 8 soft skills incontournables en 2023
Robbe De Man est aujourd’hui Country Sales Manager Eastern Europe chez Beneo, une entreprise qui développe et produit des ingrédients fonctionnels pour l’alimentation humaine et animale et pour les produits pharmaceutiques, à partir de sources naturelles. Dans un premier temps, sa candidature n’avait pas été retenue parce qu’il n’avait aucune expérience de vente. C’est la pratique régulière du marathon qui lui a permis d’acquérir une connaissance de la nutrition en tant qu’athlète, mais aussi de développer une grande persévérance. « Face au rejet de ma candidature, je n’en suis pas resté là. J’ai directement contacté celui qui est devenu mon manager. Je savais que que le job et moi étions faits l’un pour l’autre. J’ai utilisé mes connaissances en nutrition dans mon processus de recrutement. Le lien fort entre les ingrédients Beneo et mon sport était définitivement un plus pour moi. J’ai même utilisé l’histoire de la course dans une présentation de vente que j’ai dû préparer pour mon deuxième entretien d’embauche. Cela leur a montré que j’avais un profond intérêt pour les ingrédients et les valeurs que Beneo représente. »
De son côté, Erjola Nehani est conseillère juridique dans l'industrie du divertissement. Joueuse professionnelle de basket avec l’équipe nationale albanaise, elle a acquis et amélioré la compétence de problem-solving par l’intermédiaire de la règle « 24 secondes shot clock ». C'est le temps pendant lequel l'équipe en possession du ballon doit tenter de marquer. « Cette règle exige une réflexion critique, de la créativité, du traitement d'informations et une prise de décision rapide afin d'atteindre le but. Par conséquent, cela m’a beaucoup aidée dans ma profession de juriste, parce-que je peux traiter beaucoup d’informations avec rapidité en réalisant en même temps les conséquences et les résultats. »
Certaines entreprises veulent créer une culture d’entreprise unique ou très innovante en fédérant des individualités plus marquées. « Ce qui est important quand on cherche à attirer des candidats ayant ces compétences, c’est que celles-ci renforcent la culture d’entreprise », souligne Joël Poilvache. « Mais être trop braqué sur le profil serait prendre le risque d’être confronté à des difficultés d’intégration des valeurs de l’entreprise. Ce qui reste la première adéquation à détecter. » Le match entre Robbe De Man, qui était porteur d’un master de bio-ingénieur, et l’entreprise s’est donc confirmé. « Après avoir commencé à travailler pour l’entreprise, j’ai remarqué que mon sport est très apprécié. Beneo sponsorise maintenant mes vêtements de course et, bien sûr, j’ai un accès illimité à notre ingrédient Palatinose™. C’est un glucide lent que j’utilise pendant l’entraînement et la compétition. Je pense qu’il m’aide à parcourir le kilomètre supplémentaire. De plus, je voyage beaucoup en Europe de l’Est pour rencontrer des clients. Souvent, je combine ces voyages avec quelques jours de congé pour aller dans les montagnes et courir de longues distances dans ces endroits incroyables. Pour ma pratique sportive, c’est génial de travailler dans un endroit avec une telle flexibilité. Par exemple, en hiver, je peux prendre une longue pause déjeuner pour faire mon entraînement, puis je travaille plus tard dans la soirée. »
> A lire aussi : 4 compétences techniques à valoriser sur son CV