Les entreprises face au défi des congés pour l’après-coronavirus
Alors que le retour à la vie normale est attendu avec impatience, les entreprises s’organisent en amont afin d’éviter une prise de congés simultanée lorsque les restrictions seront levées. Une tâche compliquée qui passe par le dialogue et la concertation au sein des équipes.
Si la sortie de crise et la levée des restrictions sanitaires sont unanimement attendues de pied ferme, les «jours heureux» devraient toutefois s’accompagner d’un certain nombre de casse-têtes pour les entreprises. A commencer par celui des congés. Compte tenu des mesures sanitaires en vigueur, auxquelles la récente décision de maintenir les frontières belges fermées jusqu’au 18 avril vient apporter une couche supplémentaire, la tendance est en effet au report des vacances du côté des travailleurs.
«La gestion des vacances est peu plus compliquée que les années précédentes étant donné que les employés attendent plus pour planifier leurs congés», reconnaît Jean-Luc Vannieuwenhuyse, expert juridique au sein du prestataire de services RH SD Worx. «Mars et avril, c’est généralement la période où les salariés prennent des vacances mais, en ce moment, comme ils n’ont pas la possibilité d’aller à l’étranger, ils attendent parfois. C’est un phénomène qui concerne toutefois moins les parents d’enfants en bas âge, qui prennent en général leurs congés en même temps que les vacances scolaires de leurs enfants.»
Risque de rattrapage
Cette situation pourrait néanmoins créer un puzzle pour les entreprises, avec le risque de voir de nombreux salariés vouloir prendre leurs vacances en même temps dès que les restrictions seront levées. L’an dernier, une étude du prestataire de services RH SD Worx avait d’ailleurs révélé qu’entre mars et juin, les congés pris étaient beaucoup moins nombreux qu’à l’accoutumée. Un rattrapage avait fini par s’opérer au tout dernier moment, sur les mois de novembre et de décembre, mais il avait mis plusieurs entreprises sous tension pour garantir la continuité de leurs activités.
Avec l’extension de la fermeture des frontières au-delà des vacances de Pâques et le maintien des mesures sanitaires, bis repetita cette année? «Le risque existe, comme il existait l’année passée», affirme Jean-Luc Vannieuwenhuyse. «Les salariés ont par ailleurs le droit de décaler leurs vacances plusieurs fois, du moment que l’employeur est d’accord», précise le spécialiste à l’intention des travailleurs qui souhaiteraient reporter leurs vacances de Pâques. Toutefois, il faut garder à l’esprit que les vacances légales – à la différence des congés extralégaux – doivent obligatoirement être prises dans l’année en cours, sous peine d’être perdues définitivement.
Afin de répondre aux défis de cette période charnière, le spécialiste juridique de SD Worx recommande aux entreprises de s’organiser en amont afin d’anticiper les éventuels embouteillages. «Cette année plus qu’une autre, on remarque que les chefs d’équipe ont préparé très tôt les plannings de vacances pour faciliter la concertation entre les travailleurs», analyse-t-il. «Une fois que le calendrier est rempli, l’employeur peut voir à l’avance où il y a des problèmes. Ensuite il s’agit de discuter des périodes bouchées pour arriver à une solution.»
Dialogue et concertation
Pour Jean-Luc Vannieuwenhuyse, pas de recette miracle pour répondre à la problématique; dénouer le nœud des vacances passe exclusivement par le dialogue dans les effectifs. «On conseille aux responsables de service de réfléchir aux périodes creuses, aux périodes chargées, puis d’entamer un échange avec le personnel pour trouver des solutions qui conviennent à tout le monde.»
Pour le moment, cette stratégie semble porter ses fruits au sein des entreprises que le cabinet accompagne. «Les travailleurs comprennent qu’il y a un équilibre à avoir entre la nécessité de profiter de ses vacances et le besoin des entreprises d’avoir une continuité dans leurs activités.»
D’autant plus que la pandémie n’interdit pas aux salariés de profiter de leurs jours de repos. «Prendre des vacances, cela ne veut pas aussi forcément dire aller à l’étranger. Les possibilités sont plus limitées, mais on peut faire des choses ludiques tout en restant en Belgique», affirme le spécialiste de SD Worx. «Le travailleur doit penser à sa santé, ce n’est pas sain de travailler pendant trois ou quatre mois de suite sans repos. Cela n’a pas de sens non plus de reporter ses congés jusqu’à la fin de l’année et de tous les prendre en même temps. Il faut que chacun donne du sien, et avec un dialogue et une concertation, tout le monde pourra s’y retrouver.»
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