La transition énergétique attire les ingénieur·e·s
Pour faire face aux enjeux environnementaux, de nombreuses entreprises investissent dans la transition énergétique.
Le changement climatique et la transition énergétique seront à l’origine d’un nombre croissant d’emplois au cours des décennies à venir. Plusieurs études le prédisent depuis quelques années et les entreprises prennent le train en marche. Sur le marché, elles s’arrachent des profils précieux pour être à la hauteur des enjeux.
Parmi eux, les ingénieurs occupent une place de choix. Des perles rares qui voient en ces métiers, au cœur du développement d’un monde plus vert, un attrait considérable. « Lorsqu’on a un diplôme d’ingénieur, on sait qu’on trouvera facilement du travail et que l’on bénéficiera d’une bonne situation, parce que nos profils sont extrêmement recherchés », confie Gaspard d’Hoop, ingénieur free-lance dans le secteur des énergies renouvelables depuis l’Uruguay (ce pays fait partie des meilleurs élèves au niveau mondial en matière de mixité des énergies renouvelables). « Mais c’est tellement plus grisant et enrichissant de s’investir en tant qu’ingénieur dans ces métiers qui contribuent à relever les défis du changement climatique, et donc, de celui du secteur de l’énergie. »
Une carte de plus en plus jouée
La transition énergétique est un terrain de jeu rêvé pour de nombreux ingénieurs. Car si tout n’est pas à inventer, un grand nombre de choses reste à accomplir. « C’est tellement porteur de sens de travailler dans ce secteur », témoigne Thibault Martinelle, consultant au sein d’un département de conseils en énergies renouvelables d’un grand groupe énergétique. «Pour répondre aux problèmes liés à la transition et aux énergies renouvelables, il n’existe pas de solution unique et évidente. C’est extrêmement motivant pour un ingénieur ».
L’aspect « durable » et le volet « transition énergétique » sont cependant brandis par de plus en plus d’entreprises. Avec parfois, à la clé, une certaine désillusion. Laurie Pazienza a 26 ans. A la sortie de ses études, elle intègre le bureau d’études d’un groupe important du secteur de l’énergie. La jeune femme y acquiert une expérience non négligeable, mais très vite, elle ne se retrouve plus dans son métier. « Comme un certain nombre d’entreprises, ce groupe prétendait être orienté µenvironnementµ, mais était finalement davantage basé sur des valeurs capitalistes », confie la jeune femme. «J’ai alors fait le choix de quitter mon emploi pour une structure qui avait un réel impact en termes de transition énergétique. Aujourd’hui, je suis lead engineer au sein d’une start-up bruxelloise, à l’origine de la création de communautés d’énergie. Celles-ci permettent de partager de l’énergie verte produite localement. »
Des formations à remanier
Laurie estime aujourd’hui avoir la chance, voire le luxe, d’occuper un poste dans le secteur de l’énergie qui correspond à ses valeurs. « Les places dans des structures qui ont un réel impact sur l’environnement sont moins nombreuses qu’on ne le pense, et elles nécessitent parfois de revoir à la baisse les exigences salariales que peuvent avoir en général les ingénieurs », considère-t-elle.
A n’en pas douter, le métier d’ingénieur dans le secteur de la transition énergétique est un métier d’avenir. Des évolutions devraient toutefois être opérées au niveau des formations. « Selon moi, les formations dispensées actuellement sont dépassées », affirme Laurie. « On nous enseigne des savoirs purement techniques et scientifiques de manière totalement détachée des enjeux socioécologiques. Dans un sens, on nous apprend quoi faire pour optimiser un rendement, mais on ne nous explique pas pourquoi on le fait. »
Cet avis, Gaspard le partage également : « Notre métier dépasse de loin le simple cadre technique de la génération d’énergie à distribuer à des consommateurs. Il revêt également des enjeux géopolitiques, sociaux et environnementaux importants. Et ça, c’est à mon sens encore trop peu présent dans les cursus académiques. »
Mais pour remanier la formation des ingénieurs, encore faut-il repenser celle de leurs enseignants et le contenu des programmes. Une étape indispensable pour que l’ingénieur de demain devienne, plus que jamais, la jonction entre le problème et la solution face aux enjeux environnementaux.