La psychologie positive au coeur de l’entreprise
Apparue il y a une vingtaine d’années, la psychologie positive se concentre sur la promotion des qualités, l’optimisme, la gratitude et l’espoir. Comme le souligne Ann-Sophie Deprez, Cofondatrice de marbl, cette discipline est aussi synonyme de bien-être personnel et collectif en entreprise.
Quelle est l’origine de la psychologie positive ?
Ann-Sophie Deprez : « Il s’agit d’un champ de la psychologie traditionnelle qui a vu le jour à la fin des années 90. Elle est née notamment sous l’impulsion de Martin Seligman, chercheur en psychologie et professeur à l'Université de Pennsylvanie, et de Mihály Csíkszentmihályi, psychologue hongrois connu pour avoir élaboré le concept du ‘flow’, c’est-à-dire un état mental atteint par une personne lorsqu'elle est complètement plongée dans une activité. Tous deux avaient fait le constat que depuis les traumatismes subis durant les deux guerres mondiales, les fonds disponibles et les actions menées en psychologie étaient essentiellement axés sur les maladies, les malaises et tout ce qui ne fonctionnait pas chez l’individu. Ils ont inversé le processus en développant un domaine orienté sur l’épanouissement de la personne plutôt que sur ses dysfonctionnements. »
Pourquoi vouloir appliquer cela aujourd'hui au monde de l’entreprise ?
A.-S. D. : « De manière générale, nous sommes actuellement confrontés à de multiples défis et crises auxquels les entreprises n’échappent pas : mondialisation de l’économie, explosion démographique, challenges environnementaux, crises géopolitiques, avancées rapides des technologies, etc. Tout cela met les entreprises et leurs collaborateurs sous pression, avec de nombreuses conséquences néfastes : manque de confiance, démotivation, burnouts, maladies de longue durée, perte de la dynamique d’équipe, absence de leadership, etc. Dans ce contexte, le développement d’une culture positive est impératif. La psychologie positive s’impose comme une véritable science du fonctionnement optimal des personnes, des groupes et des organisations, tant du point de vue psychologique qu’émotionnel ou social. »
Comment intégrer un tel fonctionnement de façon impactante ?
A.-S. D. : « Pour notre part, nous avons développé la méthode ‘corporate posivity’ et des actions applicables à tous les collaborateurs d’une équipe ou d’une organisation, quel que soit le contexte. Le but est que chacun puisse acquérir des compétences nouvelles et adopter certaines habitudes, en se concentrant sur ce qui va bien plutôt que sur ce qui ne va pas. Nous travaillons selon cinq schémas. Un : l'engagement, où le but est d’entraîner les autres dans le mouvement, de créer une dynamique par des mots, symboles et rituels, de générer de l’engagement en reconnaissant les victoires, etc. Deux : l’ambiance de travail, qui consiste à donner de l’énergie par des interactions positives, à être reconnaissant et à l’exprimer, à contribuer à un climat de confiance et à créer des opportunités de plaisir. »
Qu’en est-il des autres schémas ?
A.-S. D. : « Le troisième, ce sont les relations entre collaborateurs, où il s’agit d’être attentif aux qualités des autres, de stimuler l’utilisation de ces qualités, de se connecter à l’autre de manière rationnelle et émotionnelle et de soutenir ses collègues tant dans des situations positives que négatives. Le quatrième est l’état d’esprit, où l’on vise à aider les autres à se sentir valorisés, à apporter des solutions au lieu de se concentrer sur les problèmes et à donner du feedback à nos actions. Enfin, le dernier schéma est la communication positive, dont les objectifs sont d’inspirer autour d’une vision et d’objectifs communs, d’utiliser consciemment des messages positifs, de rendre possible l’expressions des opinions, de susciter des interactions et de transférer de l’espoir et de l’optimisme. »
Ces différents aspects ne sont-ils pas déjà bien présents dans nos entreprises ?
A.-S. D. : « Il est vrai qu’environ 60 % de notre manière de voir les choses est définie par notre caractère, notre ADN. Voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide fait partie du bagage de la plupart d’entre nous. Toutefois, il est possible de travailler sur les 40 % restants de manière à pouvoir fonctionner de façon optimale au sein d’une organisation. Dans le contexte actuel, une telle approche impacte fortement l’attrait de nouveaux talents, la loyauté des collaborateurs, leur bien-être et leurs performances. Il faut également être conscient que, plus que jamais, les nouvelles générations sont à la recherche d'entreprises qui correspondent à leurs valeurs. Il ne suffit plus de leur parler de salaire, de missions ou d’avantages ; les jeunes attendent une réelle culture d'équipe. La psychologie positive n’est cependant pas une méthode de Bisounours ; il faut pourvoir reconnaître ce qui ne va pas pour pouvoir aller de l’avant. »
Ann-Sophie Deprez, Cofondatrice de marbl