La formation doit anticiper quels seront les emplois de demain
Paul a 32 ans et est universitaire. Après une longue période de chômage, il a entrepris une formation de deux ans de « data scientist », métier qu’il exerce maintenant dans une PME. À ses côtés se tient Marc, 24 ans, qui après des études de marketing suit une spécialisation en marketing digital. À quelques pas d’eux, on retrouve Laura, avocate de 54 ans, qui vit une réorientation professionnelle pour devenir ébéniste, après une brillante carrière dans sa première spécialisation.
Tous sont, pour une raison qui leur est propre, passés par un cycle plus ou moins long de formation.
Mais quelles sont les formations qui plaisent le plus, actuellement ? Maryse Honorez, qui est directrice de la direction formations et alternance de l’IFAPME, dresse le bilan de la situation dans son réseau de centres de formation. « Nous comptons deux sections. D’abord, celle baptisée apprentissage qui est accessible à partir de 15 ans. Là, ce sont les formations de commerçant dans le détail, de coiffeur, de mécaniciens polyvalents, de restaurateur et de maçonneur-bétonneur qui rencontrent un beau succès. Ensuite, parmi les formations de la section chef d’entreprise , réservées aux plus de 18 ans, ce sont celles d’agent immobilier, d’installateur de chauffage central, de boulanger-pâtissier, de boucher-charcutier et de gestionnaire de point de vente qui plaisent le plus. » Amélie Kestermans, qui est responsable « digital media institute » dans le centre de formation montois de Technocité – explique : « La formation de community manager est un bon complément pour des profils commerciaux, de communicateurs, de journalistes… Une autre formation qui marche très bien – liée à une demande du marché – est celle d’auto CAD dessin technique assisté par ordinateur. Nos formations de gaming rencontrent aussi un beau succès. Ensuite, les formations multicaméra sont également fortement demandées ainsi que celles dédiées aux effets spéciaux. »
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De façon générale, les centres de formations interviewés présentent un taux d’insertion sur le marché de l’emploi élevé. Chez Technocité, 50 à 60 % des étudiants qui cherchent dans le secteur artistique, ce qui n’est pas simple, trouvent un emploi (CDI, CDD ou en lançant leur boîte) dans l’année qui suit. Chez EFP, ensuite, ce sont plus de 86 % des apprenants qui trouvent un emploi dans les six mois après leur formation.
Mais comment arriver à de tels résultats ? Si le système de l’alternance est fréquemment mis en avant, ou le fait que ces formations se déroulent sur le temps long (entre un et trois ans), un autre critère semble capital : la proximité maintenue avec les réalités du monde de l’emploi. Vincent Giroul, directeur de l’EFP, explique, «c’est une des particularités de l’alternance. Les personnes qui suivent nos formations qui sont en alternance sont en contact direct avec le monde du travail. Ils identifient les compétences dont ils ont besoin et cela nous revient directement. Ensuite, le fait que nos formateurs soient tous des professionnels nous permet de garder un ancrage dans la réalité des emplois enseignés. Ensuite, notre CA et nos AG sont composés de fédérations professionnelles qui nous donnent un retour direct de leur besoin. » À cela se rajoute un autre outil utilisé dans le milieu, les études analytiques des bassins « Enseignement qualifiant Formation Emploi », qui ont pour mission d’apporter un appui au pilotage de l’offre d’enseignement qualifiant et de formation professionnelle en articulant celle-ci aux besoins du marché de l’emploi et des publics.
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Les métiers changent vite
Mais la tâche n’est pas simple. Parce que de nouveaux métiers ne cessent de se créer. Mais aussi parce que de très nombreux emplois changent en permanence, comme l’explique Maryze Honorez, « ce qu’il faut bien comprendre avec le numérique, c’est qu’il y a effectivement des métiers qui sont créés mais également de nombreux métiers qui évoluent. C’est le cas des métiers de la construction par exemple, où des compétences comme celles de la domotique prennent de plus en plus d’importance. » Une évolution qu’il faut anticiper.
Vincent Giroul pousse la réflexion plus loin, en affirmant que ce sont tous les métiers qui s’inscrivent actuellement dans un processus de changement, « un chauffagiste doit, aujourd’hui, s’occuper de la performance énergétique des bâtiments. Dans la restauration, les questions d’allergènes prennent de plus en plus d’importance. La formation doit répondre à cette évolution. »
La formation est d’autant plus capitale qu’elle ne sert pas uniquement à trouver un travail, mais aussi, dans beaucoup de cas, à conserver le sien.
Du côté de l’IFAPME, on retrouvera notamment , en 2018-2019, des formations de domotique et d’objets connectés, de mécanicien polyvalent automobile, de technico-commercial du secteur de la construction ou de viticulteur œnologue. Au programme de l’EFP figureront des formations en marketing digital, de microbrasseur, de réceptionniste en hôtellerie, d’agent de pompes funèbres, d’hydrobalnéothérapie et de gestionnaire de petite entreprise.
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