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La construction tente de réduire son « turnover » année après année

Rédigé par: Pauline Martial
Date de publication: 6 sept. 2021
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La construction passe par la reconstruction

S’il diminue progressivement depuis quelques années, le « turnover » dans la construction reste important. Il mise donc sur l’alternance et la formation des demandeurs d’emploi, mais cherche aussi à conserver ses talents dans la durée.

En souffrance depuis des années, le secteur de la construction voit certains indicateurs évoluer dans le bon sens. La rotation de la main-d’œuvre, par exemple, diminue progressivement : le pourcentage du flux sortant au cours de l’année 2017-2018 s’élevait à 19,4 %.

Il s’agit toutefois d’une amélioration relative au regard du turnover d’autres secteurs d’activité économique. Car si la construction est un meilleur élève que le secteur de l’agriculture, qui caracole en tête des secteurs où le flux sortant de main-d’œuvre est le plus élevé avec un pourcentage 45,5 %, elle fait moins bien que le secteur de la production distribution d’électricité ou encore que l’enseignement, avec respectivement des pourcentages de 6,9 % et 8,8 % de flux sortant.

« Dans le secteur de la construction, on parvient plus ou moins à maintenir un équilibre entre la main-d’œuvre sortante et la main-d’œuvre entrante, mais c’est un équilibre aussi relatif que précaire, puisqu’il s’inscrit dans un contexte sérieux de pénurie de talents », souligne également Niko Demeester, qui endossera le rôle d’administrateur délégué de la Confédération construction le 1er décembre prochain.

Reconstruction de la construction

Des métiers dont on se sent fier

Le secteur de la construction n’a donc d’autre choix que de redoubler d’efforts pour attirer les talents qui manquent à l’appel. Et il sait sur quel terrain il a des cartes à jouer. Car en novembre 2020, la Confédération construction a mené une enquête pour tenter de comprendre ce qui avait motivé les travailleurs à rejoindre le secteur, ou au contraire, à le quitter. « Parmi les arguments évoqués en ce qui concerne l’entrée dans la construction figurait la volonté d’exercer un travail manuel et varié. Vient ensuite la possibilité de pouvoir apprendre sur son lieu de travail, suivi du désir d’obtenir un emploi fixe et dont on peut se sentir fier », révèle Niko Demeester. Plus intéressant encore : « Je ne sais pas quoi faire d’autre » reste le motif le moins souvent formulé par les nouveaux venus dans le secteur de la construction. Preuve que ce secteur est aujourd’hui tout sauf un choix par défaut.

Mais il ne suffit pas d’attirer et de recruter des nouveaux talents. Encore faut-il pouvoir leur donner l’envie de rester ! Les motifs qui expliquent la fidélité des travailleurs de la construction à leur employeur diffèrent de ceux qui les ont motivés à rejoindre le secteur. « Selon notre étude, les travailleurs sont globalement satisfaits de leur situation et choisissent de la conserver en raison de leur salaire, de leur contrat fixe et de l’ambiance qui règne sur leur lieu de travail », développe le futur administrateur délégué.

L’alternance, un placement sûr

A contrario, la charge de travail trop élevée, intimement liée à la pénurie de main-d’œuvre, ainsi que le souhait de poursuivre d’autres formations amènent de nombreux travailleurs à prendre la porte du secteur. D’ici 2030, la Confédération construction ambitionne de réduire ces départs de 20 %, mais surtout d’augmenter son nombre de nouvelles recrues d’autant.

Elle entend pour cela investir dans la formation et la mise au travail des demandeurs d’emploi, mais aussi sur la formation en alternance. « Nous constatons que les jeunes inscrits et engagés dans ce type de formation constituent un placement sûr pour le secteur de la construction. En effet, 96 % de ces jeunes déclarent vouloir y travailler au terme de leur parcours de formation. Parmi les raisons qu’ils invoquent figurent la bonne ambiance de travail, le package salarial, l’acquisition d’expérience leur permettant de s’installer en tant qu’indépendant dans le futur, mais aussi le caractère varié du métier ainsi que la forte probabilité d’un emploi fixe à la clé », observe Niko Demeester.

Pour relever les défis qui l’attendent demain avec la rénovation du bâti existant, renforcés par les dégâts des récentes inondations, le secteur de la construction n’a toutefois pas intérêt à se reposer sur ses lauriers. D’autant que de nombreux clichés et idées reçues lui collent toujours à la peau. Or, la construction regorge aujourd’hui de nouveaux métiers technologiques particulièrement attrayants pour les jeunes. Notez encore qu’après le secteur de la chimie, c’est celui de la construction qui rémunère le mieux ses ouvriers.