La construction agite le spectre de la pénurie
En un trimestre 2018, le nombre de postes à pourvoir dans le domaine de la construction a augmenté de plus de 22%! Un boom économique qui peut paraître comme une bonne nouvelle, mais qui met le secteur dans l’embarras, puisqu’il recherche d’urgence 16.530 nouveaux travailleurs… Pour y remédier, la Confédération Construction demande, notamment, de formations en construction dès l’enseignement secondaire.
La Confédération construction, c’est une équipe de représentants pour l’ensemble du pays et l’ensemble des métiers du bâtiment, y compris les travaux routiers, le génie civil, etc. C’est donc un constat collectif qu’ils ont partagé cette semaine, et qui concerne des centaines de structures, des plus petits indépendants, aux plus grandes entreprises de construction. Une réalité tellement générale que l’administrateur délégué de la Confédération construction, Robert de Mûelenaere, a du mal à résumer quels métiers sont les plus demandés. «On doit pratiquement balayer tous les profils et métiers pour lister ceux qui sont en pénurie», assure-t-il. «Il y a d’abord le groupe des emplois de maîtrise, comme les ingénieurs et les gestionnaires de chantiers. On en manque chaque jour. Le second groupe concerne les métiers dits plus traditionnels, comme les maçons, les couvreurs, les chauffagistes, les sanitaristes, les électriciens… Des métiers de base qui ne séduisent plus assez les jeunes. Et puis, le troisième groupe concerne les métiers plus technologiques. Les techniciens BIM (Building Information Modeling qui se traduit par modélisation des informations – ou données – du bâtiment, NDLR) sont un exemple parlant.»
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Le digital transforme le terrain
La révolution technologique, qui a profondément transformé les sociétés et leur paysage professionnel, concerne également les métiers de la construction. Les métiers de la digitalisation ne cessent de naître et de se développer. Et, selon le secteur dans lequel ils évoluent, il est nécessaire de développer des expertises spécifiques.
«Dans la lignée de la révolution numérique, nous travaillons notamment de plus en plus en 3D. Des nouveaux outils sont dès lors nécessaires et ils réunissent pratiquement tous les corps de métiers liés à la construction. On doit travailler tous ensemble sur les mêmes instruments technologiques, de la conception de l’architecte, à la construction des ouvriers de terrain», poursuit Robert de Mûelenaere.
Des besoins qui créent donc des métiers nouveaux tels que les techniciens BIM, les managers BIM… qui vont permettre une meilleure proactivité, une meilleure planification et de visualiser l’ensemble du projet. Le problème pour les professionnels du domaine, c’est qu’il s’agit là de nouveaux métiers qui doivent être disponibles de suite. «Aujourd’hui, ces métiers et outils ne sont plus des nice to have mais des éléments indispensables. Certains marchés publics imposent l’utilisation de ce genre de nouveautés. C’est donc une explication supplémentaire à la pénurie. Nous sommes dans une phase de transition, qui évolue plus vite que les formations.»
L’économie en danger
Si le secteur de la construction ne trouve pas rapidement la main-d’œuvre nécessaire, la Confédération Construction craint que la croissance économique soit freinée. Les entreprises devront en effet renoncer à commissionner sur les marchés, par manque de forces vives disponibles. «C’est l’économie qui se tire une balle dans le pied!» affirme Robert de Mûelenaere.
Alors comment éviter cet extrême? Via les formations en interne. «De plus en plus d’entreprises forment elles-mêmes des candidats qui ne sont pas assez qualifiés pour les postes vacants. Elles sont heureuses et investissent quand elles peuvent trouver des jeunes motivés, qui peuvent aborder des métiers qui sont exigeants mais offrent de belles opportunités de carrière.»
Mais du côté des pouvoirs publics, qu’est-ce qui est prévu pour l’enseignement? Jusqu’ici, les perspectives se dessinaient plutôt bien. Le concept des Jobs deal du gouvernement fédéral Michel I réjouissent la Confédération Construction, mais les derniers événements de l’actualité inquiètent. «Le monde de l’enseignement fait ce qu’il peut avec ses armes pour permettre les ponts avec les entreprises. Mais il est souvent difficile que ces deux mondes se comprennent. Il nous faut des solutions structurelles en soutien de ce que le gouvernement met en place. Des décisions ont été prises, mais elles ne sont pas encore concrétisées. Il faut absolument que ces mesures deviennent des réalités, on ne peut pas se permettre de passer à côté. C’est une initiative capitale si on veut donner à notre pays la chance de soutenir la croissance et nos objectifs en la matière.»