La Belgique attire les cerveaux
Attirer des « travailleurs de la connaissance », de préférence hautement qualifiés donc, est important car ces derniers apportent une plus-value majeure sur le plan du développement économique à long terme. Aux yeux de Deloitte, « les travailleurs de la connaissance étrangers représentent en effet la réponse idéale aux défis démographiques futurs que la Belgique et l’Union européenne sont appelées à relever. De plus, la présence de travailleurs de la connaissance a également toute son importance dans l’optique du maintien de la compétitivité de l’Europe. »
Ce postulat étant posé, encore faut-il pouvoir attirer ces cerveaux. « Il est donc capital que des systèmes clairs et non équivoques permettent aux travailleurs de la connaissance étrangers d’accéder aisément aux marchés du travail belge et européen. En outre, l’emploi d’un personnel étranger est devenu, dans le monde globalisé qui est le nôtre, une évidente nécessité pour les entreprises internationales. »
Selon Deloitte, la Belgique parvient à tirer son épingle du jeu en raison notamment du fait que sa procédure migratoire est une des plus rapides : la délivrance d’un permis de travail a lieu en moyenne dans les deux à trois semaines seulement, alors que, dans plus de la moitié des pays qui participent à l’enquête, il faut plus d’un mois pour l’obtention d’un permis ou d’un visa de travail. D’après les auteurs, «contrairement à ce que l’on croit généralement, les régimes d’immigration européens sont en général tout aussi attirants que ceux des États-Unis, du Canada et de l’Australie par exemple. »
En l’espèce, la Belgique se distingue… en s’écartant de ce qui parfois la caractérise : les lenteurs générées par sa complexité institutionnelle. « Les écarts régionaux, autrefois caractéristiques du cas belge, ont désormais disparu, poursuivent les auteurs. Cela signifie qu’aujourd’hui, un permis de travail destiné à un travailleur étranger de formation supérieure est actuellement délivré quasiment aussi rapidement en Flandre qu’à Bruxelles ou en Wallonie. »
S’agissant des autres conditions ayant trait aux travailleurs de la connaissance, comme le salaire minimum et le niveau de formation, la Belgique peut réellement être qualifiée de peu exigeante, surtout si on la compare aux autres pays d’Europe occidentale, où les travailleurs de la connaissance doivent réunir des conditions plus sévères pour être admis sur le marché du travail.
Parmi les autres aspects intéressants et séduisants du régime d’immigration belge applicable aux étrangers hautement qualifiés figure le faible niveau de salaire que les travailleurs de la connaissance doivent atteindre (39.824 euros sur base annuelle) et les formalités administratives relativement légères liées à la demande d’un permis de travail : le certificat médical est le seul document exigé.
Pour la deuxième fois, l’étude comparative inclut des informations relatives à l’impact d’initiatives européennes sur les législations nationales, comme la carte bleue, le permis unique et la directive relative aux transferts intra-groupe. « Pour les entreprises internationales, la carte bleue européenne, promue en son temps comme l’homologue de la Green Card américaine, est un échec. Seules quelques cartes sont délivrées chaque année en Belgique. Il faut un temps considérable pour faire valider cette carte et celle-ci ne permet de travailler que dans un seul pays européen, contrairement à ce que son nom suggère », explique Matthias Lommers, director chez Deloitte. « Avec les directives relatives au permis unique et aux transferts intra-groupe , la carte bleue constitue toutefois un pas en avant dans la direction d’une harmonisation de la politique migratoire au niveau européen. Nous constatons par ailleurs que ces mesures ont tendance à complexifier davantage les procédures d’immigration locales existantes. »
Europe sans frontière ?
À ce jour, les mesures adoptées au niveau européen n’ont pas eu d’impact. L’Europe risque d’échouer à attirer les travailleurs de la connaissance étrangers, car chaque pays applique sa législation nationale en matière de migration. « Un Japonais admis sur le marché du travail belge ne peut par exemple pas aller travailler en Allemagne ou en France sans nouvelles démarches, poursuit Matthias Lommers. Pour un citoyen américain affecté au siège européen d’une société multinationale à Bruxelles, il est à tout le moins surprenant de devoir faire face à un tel nombre de réglementations et procédures différentes dans un rayon d’à peine quelques centaines de kilomètres. On constate qu’au fil des ans, les règles ne se sont pas simplifiées. »