L'immobilier ne se résume pas à la brique !
Sans le secteur de l’immobilier, il n’y aurait pas de bâtiments, pas d'infrastructures, pas de villes. Pour le faire tourner, il faut des investisseurs mais aussi une main-d’œuvre diversifiée. C’est ici que le bât blesse : de nombreux postes sont à pourvoir, pas seulement parmi le personnel actif sur les chantiers.
Quand on demande à Olivier Carrette, CEO de l’Union professionnelle du secteur immobilier (UPSI), si son secteur rencontre des pénuries de main-d'œuvre, sa réponse est sans ambages : « Oui, absolument ! On manque d'experts spécialisés pour toute une série de segments de nos activités, d'autant que nous avons vécu ces dernières années une professionnalisation à outrance de notre secteur. » Cette professionnalisation est due à différentes évolutions parallèles qui touchent chaque pilier de connaissances : juridique, technique, financier et communicationnel.
Un besoin accru de juristes…
Le secteur exige de plus en plus de juristes, par exemple. « Sur le plan juridique, la Belgique, c'est trois pays en un ! », résume notre interlocuteur. « Les promoteurs étant généralement actifs dans les trois régions, et même souvent aussi à l'étranger, il n’y a pas moyen de concevoir des projets ou d'obtenir des permis de bâtir sans assurer le suivi constant des législations régionales en matière d'aménagement du territoire. La législation fédérale a également un impact, de même que différentes réglementations européennes. »
La nouvelle obligation qui sera bientôt transposée en Belgique en matière de taxonomie ESG (Environnement – Société – Gouvernance) en est un bel exemple : « Si les sociétés du secteur, promoteurs ou investisseurs, ne s'alignent pas sur cette nouvelle réglementation, ils n'auront plus accès à des financements pour leurs projets immobiliers. Nous avons même créé une commission spécifique au sein de l'UPSI pour évaluer les conséquences de cette réglementation relativement complexe. »
… et de spécialistes de la finance, de la technique et de la communication
Sur le volet financement, les outils disponibles se sont également étoffés au cours des années. À côté du traditionnel emprunt bancaire ou appel à l’épargne publique pour les sociétés cotées en bourse, on trouve aujourd'hui des formules telles que les emprunts obligataires, le crowd funding ou le crow lending. Elles réclament bien sûr une expertise spécifique.
Sur le plan technique, « pour construire une maison ou des bureaux, on ne peut plus se contenter d'empiler une brique sur une autre. Il y a aussi toute la réflexion préalable sur la situation d'un bâtiment en termes de durabilité et de circularité, ainsi que la maîtrise de logiciels de simulation 3D, de l’intelligence artificielle ou de l'usage des drones », relève Olivier Carrette. Ici aussi, architectes, ingénieurs et techniciens doivent être formés à ces nouvelles exigences.
Enfin, dans le domaine de la communication, le secteur recherche également beaucoup de ressources, notamment autour de tout ce qui est processus de vente par le biais par exemple des réseaux sociaux.
Avec ou sans diplômes
À juste titre, le CEO de l’UPSI estime que son secteur est particulièrement porteur, offrant de nombreuses opportunités aux jeunes. « Tous ne doivent d’ailleurs pas être diplômés. Le secteur offre aussi des possibilités de se former sur le tas. »
En conclusion, il en souligne aussi d’autres attraits : « Notre secteur façonne littéralement la ville et la vie de demain. Il est très varié, offre des possibilités de voyages et de rencontres, est intellectuellement enrichissant… et paie bien ! »