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Grossesse au boulot : une bonne idée ?

Rédigé par: Virginie Stassen
Date de publication: 4 janv. 2024
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Grossesse et travail ne font pas toujours bon ménage. Si certaines lois ont été instaurées pour protéger la future maman, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une période délicate pour un grand nombre de femmes, qui impacte bien souvent leur carrière…

Grossesse

« Je suis tombée enceinte coup sur coup, se souvient Émilie, qui travaillait à l’époque pour un journal local. Ma première grossesse avait été mal perçue par mon patron, et je sentais que la deuxième serait plus mal accueillie encore. Les rapports s’étaient d’ailleurs détériorés avec mon supérieur depuis mon retour de congé de maternité. Je n’ai donc pas osé lui annoncer ma deuxième grossesse en face à face car j’avais peur des représailles. Je l’ai exprimée devant toute l’équipe, afin d’avoir des témoins si les choses tournaient mal. Sa réflexion a tout de même été désobligeante : « elle va nous en faire combien celle-là ? », a-t-il raillé. J’ai trouvé sa réaction culottée, à plus forte raison qu’il était lui-même père de quatre enfants. Au fil des mois, j’ai senti que j’étais peu à peu remisée au placard. Une stagiaire, que je devais former en vue de me remplacer pendant mon congé de maternité, a été embauchée. J’ai immédiatement senti qu’il était prévu qu’elle me remplace. Plus jeune, moins chère et… pas enceinte. Comme je le craignais, à mon retour de congé de maternité, j’ai été appelée au siège pour me proposer de « partir » avec trois mois d’indemnités. J’ai bien-sûr refusé : non seulement j’avais droit à six mois d’indemnités vu mon ancienneté, mais en plus, j’étais protégée après mon retour de congé natal. Je me suis alors souvenue de la réflexion de l’un de mes collègues le jour de mon arrivée : « un petit conseil si tu tiens à ta place : surtout, ne tombe pas enceinte ». Effectivement, la secrétaire et deux commerciales de la boîte avaient été virées avant moi suite à leurs grossesses respectives. » 

Si toutes les grossesses ne se passent pas aussi mal en entreprise, les témoignages de ce genre foisonnent. Car même si la discrimination est illégale, les employeurs continuent de rétrograder, de pénaliser ou de licencier les employées enceintes. Cette discrimination peut prendre plusieurs formes : être manifeste ou plus subtile (ne pas être promue, être affectée à un poste moins bien rémunéré ou devoir travailler dans des conditions difficiles), et survenir avant, pendant ou après le congé de maternité. Il en résulte bien souvent des conséquences psychologiques, financières et professionnelles pour la future mère, déjà sensibilisée par sa grossesse et la survenue d’un enfant.

Pourquoi la grossesse est-elle mal vue en entreprise ?
Pour un employeur, une femme enceinte est souvent synonyme de problèmes, de perturbations au sein de l’équipe, et de manque à gagner (certains estimant qu’une mère de famille est davantage tournée vers ses enfants que vers son boulot). Il est vrai que beaucoup de femmes souhaitent poursuivre l’allaitement au-delà du congé de maternité légal et que d’autres le prolongent en cumulant des vacances ou en prenant un congé sans solde. Ce genre de demande ne coûte pas forcément cher à l’entreprise, mais requiert un effort d’organisation, que l’employeur redoute.

De plus, les femmes qui reprennent leur poste après un congé maternité ont souvent envie de réduire leur temps de travail. Malheureusement, assez peu d’employeurs l’autorisent et cette requête peut engendrer une obligation de démission. Les femmes se retrouvent alors à devoir faire un choix entre s’occuper de leur enfant et travailler. A noter que le père est lui aussi de plus en plus impliqué dans la naissance de son enfant puisque depuis 2023, le congé de paternité est passé à 20 jours, à répartir sur 4 mois à partir de la naissance. Pendant les trois premiers jours du congé, le salaire intégral est perçu. Ensuite, 82 % du salaire sont versés par la mutuelle.

Protection contre le licenciement
A partir du moment où l'employeur est au courant de la grossesse de son employée, une période de protection spéciale contre le licenciement commence à courir. Cette protection s'applique jusqu'à un mois après le congé postnatal (en ce compris les prolongations). Ce n’est pas énorme, mais c’est toujours ça de pris… De plus, un certain nombre de mécanismes de protection légaux entrent en vigueur : la travailleuse enceinte a, par exemple, le droit de s'absenter du travail pour se rendre aux examens médicaux prénataux qui ne peuvent avoir lieu en dehors des heures de travail. Mais qui dit « enceinte » ne dit pas intouchable : la future jeune maman peut en effet toujours se voir licenciée pour un autre motif, que l’employeur devra néanmoins pouvoir prouver