Femme, maman et entrepreneuse : 3 rôles parfaitement conciliables
Marjolaine Gailly est entrepreneuse et mentor. Il y a quatre ans, un événement a bouleversé sa vie, notamment professionnelle : elle est tout simplement devenue maman. Il a fallu apprendre à jongler avec ses rôles de femme, de mère et d'entrepreneuse. Un équilibre difficile ? Sans doute. Néanmoins, moyennant une organisation bien pensée, ils sont tout à fait conciliables.
En quoi le fait d’être devenue mère a changé votre vie professionnelle ?
Marjolaine Gailly : « Quand j’étais plus jeune, je travaillais jusqu’à 70 heures par semaine, en adorant cela. Le jour où je suis devenue maman, tout a changé ; ma fille a pris bien plus d’importance que mon travail. Dès lors, j’ai aussi réfléchi aux moyens de diversifier mes sources de revenus et d’augmenter en compétences afin de monétiser celles-ci. En créant mon entreprise, j’ai pu allier ces différents objectifs. Être indépendante me permet de gagner mieux ma vie, d’avoir une réelle maîtrise de mon temps et de faire de ma famille ma priorité. L'entrepreneuriat est une voie qui me permet de vivre pleinement ma vie de maman et de femme, de créer mes propres codes, d’élargir mon espace de liberté et de diminuer le stress. Je suis par exemple libre de déposer ma fille à la crèche à 9h30 et d’aller la chercher à 15h30 pour ne pas devoir subir les embouteillages, ou de la garder à la maison si elle est malade. »
Le monde du salariat ne permet pas une telle liberté…
M. G. : « C’est en effet beaucoup plus compliqué quand on est astreinte à travailler 40 heures par semaine avec des horaires fixes… voire plus si on veut un salaire décent, car aujourd’hui, le salaire moyen d'une femme excède rarement 2.000 euros nets par mois. Même si certaines entreprises proposent des aménagements d’horaires, du télétravail ou la possibilité d'avoir une garde à la maison quand l'enfant est malade, c’est encore loin d’être la norme. C’est d’autant plus déplorable que dans les premières années de sa vie, l’enfant a besoin plus particulièrement de sa maman à ses côtés et qu’on conseille qu’il ne soit pas éloigné de ses parents plus de 6 heures par jour. Les employeurs devraient renforcer les moyens de faciliter la vie des mamans salariées. »
Le salariat n’offre-t-il cependant pas la stabilité que l’on cherche généralement à renforcer lorsqu’on devient parent ?
M. G. : « Bien entendu, lorsqu’on devient parent, on recherche une stabilité. Cependant, à mon sens, c’est une erreur de vouloir rester dans le salariat. Être salarié ne nous rend pas plus stable qu’être entrepreneur. C’est même l’inverse : le salarié n’a qu'un seul client, son patron, alors que l’entrepreneur a la chance de diversifier ses risques sur plusieurs clients. Même si cela constitue plus de responsabilités, cela procure aussi plus de liberté et plus de sources de revenus. Les femmes devraient bien plus s’éduquer à la finance et aux investissements afin de monétiser davantage leurs compétences. »
Comment voyez-vous l’avenir des femmes dans le monde professionnel ?
M. G. : « Je reste avant tout positive, car le monde change. Nous sortons progressivement à la fois du modèle patriarcal et du modèle patronal. De plus en plus, les hommes s'occupent aussi de leurs enfants, ce qui facilite la vie des femmes et leurs possibilités de carrière. Le monde de l’entreprise évolue également petit à petit ; les patrons sont de plus en plus humains et tiennent compte des besoins de l’enfant durant ses premières années d’existence. Je suis persuadée qu’on entre dans une ère de l'humanisation. Celle-ci est rendue d’autant plus forte en raison aussi du coût de la vie, qui ne cesse d’augmenter. Malgré un certain déséquilibre persistant, ceci oblige le plus souvent à ce que les deux parents partagent les responsabilités. Il faut cependant être lucide : cela prendra sans doute encore quelques générations pour que le changement soit entièrement effectif. »
Marjolaine Gailly