Entrepreneuriat : 7% des entreprises créées l’an dernier ont recruté du personnel
Pour la première fois depuis 10 ans, le nombre de créations d’entreprises a diminué l’an dernier. Si la tendance peut inquiéter, 2022 n’en reste pas moins l’une des années les plus prolifiques.
Quelque 115.645 nouvelles entreprises individuelles et sociétés ont été créées en Belgique, ce qui représente une diminution de près de 3,5% par rapport à l'année précédente, selon « l'atlas des starters » réalisé par GraydonCreditsafe, l'Unizo et l'UCM. Si 2021 fut une année record en matière de créations de start-ups, dans un contexte de rattrapage lié au Covid, et si 2022 reste la deuxième meilleure année en la matière depuis le lancement de cet atlas, il y a près de deux décennies, c'est la première fois depuis 2012 que le nombre de créations de nouvelles entreprises diminue dans le pays.
La tendance qui semble s'amorcer inquiète donc les organisations d'indépendants, d'autant que les chiffres encore provisoires du premier trimestre (-2,7%) augurent une poursuite de la baisse des créations d'entreprises. En outre, le nombre d'entreprises qui cessent leurs activités a bondi de 19% l'an dernier, à 92.384, et là aussi, le mouvement se poursuit en ce début d'année 2023. La croissance nette du nombre d'entreprises a dès lors atteint 23.261 entreprises l'an dernier (accroissement net de 1,84%).
En cas de poursuite de cette tendance à la hausse du nombre d'entreprises qui cessent leurs activités, 2023 pourrait devenir l'année de la quasi-stagnation en matière d'entrepreneuriat, mettent en garde l'UCM et l'Unizo. Certes, la crise du Covid semble appartenir au passé, mais les soubresauts n'ont pas manqué l'an dernier et ces derniers mois entre la guerre en Ukraine, l'inflation galopante (et les indexations salariales consécutives) et la flambée des coûts énergétiques.
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Veiller au bien-être des indépendants
« Nous sommes particulièrement préoccupés par ces résultats. Le nombre de starters diminue, une première depuis 10 ans, le nombre de freelances augmente, l’embauche se fait plus tardive. Sans doute pour réduire les coûts salariaux, mais avec un impact certain sur la santé des indépendants », commente Arnaud Deplae, secrétaire général de l’UCM. « Le volet bien-être des indépendants doit être abordé, tant dans les discussions en matière de protection sociale des indépendants, que dans les débats relatifs à la réforme du marché du travail, de la formation ou de la fiscalité. »
Le nombre de « starters » a diminué l'an dernier dans les trois régions du pays, mais davantage en Flandre (-3,58%) qu'en Wallonie (-2,57%) et à Bruxelles (-0,37%). L'esprit d'entreprendre n'en reste pas moins plus vivace, en général, au nord qu'au sud du pays. Autre tendance constatée: près de deux nouvelles entreprises sur cinq (39,7%) sont actives dans les services, devant les professions libérales (16,2% du total), la construction (13,0%) et le commerce de détail (7,7%). L'économie belge se profile toujours plus comme une économie de services.
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Sensibiliser et promouvoir l’entrepreneuriat féminin
L'atlas constate encore que la part des femmes parmi les personnes physiques ayant créé une entreprise recule légèrement (39,74%), mais se maintient autour de 40%. En outre, 67,05% des entreprises créées sont encore actives après cinq ans. En d'autres termes, sur les 100.113 entreprises qui avaient débuté leurs activités en 2018, 67.129 étaient encore actives au début de l'année 2023. Le taux de survie à 10 ans des entreprises s'élève quant à lui à 49,57%.
Enfin, l'atlas des starters montre que 7,1% des entreprises créées en 2022 ont engagé du personnel dans la même année. En Wallonie, et à Bruxelles, les entreprises créées engagent beaucoup plus au cours de leurs premières années d'existence qu'en Flandre. Ce constat un peu surprenant peut s'expliquer par une plus grande prise de risque des starters en Flandre, plus à même de retrouver un emploi, en cas d'échec de leur entreprise.
Les organisations d'indépendants UCM et Unizo profitent de la publication de cet atlas pour appeler les autorités à veiller à un cadre favorable tant en matière fiscale (pas d'augmentation de la charge fiscale pour les PME), que sociale, énergétique ou de simplification administrative. « La situation du commerce de détail ou de l’horeca doit aussi nous interpeller », estime Arnaud Deplae. « Si les modes de consommation évoluent aujourd’hui (e-commerce,…) un soutien, un accompagnement du gouvernement ainsi qu’un monitoring renforcé sont nécessaires pour ces secteurs fragilisés. »
Les organisations plaident, enfin, pour une meilleure sensibilisation des jeunes à l’entrepreneuriat au travers notamment de l’intégration de l’esprit d’Entreprendre dans les cursus scolaires à partir du primaire, mais également dans les filières d’apprentissage en alternance voire dans les études d’ingénieur. « Une promotion et une valorisation plus importante de l’entrepreneuriat féminin » doit aussi être recherchée, estiment-elles.
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