Economie régénérative: des jeunes ont bousculé les discussions du «Regenerative Alliance Summit»
Durant trois jours, sous tentes, 200 leaders ont réfléchi ce week-end à la manière d’évoluer vers une économie plus régénérative. Maxime, Eline et Charlotte, des jeunes de la Corporate ReGeneration, les ont challengés.
C’est dans une prairie située en contrebas du domaine d’Arthey, en région namuroise, que le second «Regenerative Alliance Summit» a pris ses quartiers. Plus de 200 tentes individuelles, parfaitement alignées, y sont plantées. Toilettes sèches et douches d’eau froide viennent compléter le décor de ce qui ressemble presque, à n’en pas douter, à un gigantesque camp scout.
Ses participants ne sont cependant ni des adolescents ni rassemblés pour vivre selon les lois de Baden-Powell. Des CEO et autres investisseurs se réunissent ici pour réconcilier les entreprises et l’environnement, songer à leur transformation en vue d’œuvrer à la transition. Durant près de trois jours, ils se plaisent à imaginer que la nature est leur seul professeur.
Les témoignages et les réflexions fusent au cours des plénières, les notes d’un violoncelliste servent d’intermède pour prendre le temps de tout digérer. Workshop après workshop, les participants échangent et partagent autour de la résilience, des investissements et autres certifications. Et dans le bruit de la pluie battant la toile de la tente principale s’élèvent les voix des jeunes qui composent la Corporate ReGeneration. «Notre association a pour but d’amener les jeunes à incorporer les entreprises et de les challenger pour les encourager à créer les solutions d’un avenir durable et régénératif. C’est le rôle que nous endossons également pendant ce sommet», explique Charlotte Saussez, l’une des membres de la Corporate ReGeneration.
Oublier les idéaux
Ils sont huit au total, tous âgés entre 20 et 30 ans, à bousculer les intervenants, à les conduire plus loin dans leurs réflexions et leurs raisonnements. «L’idée, c’est d’arrêter de songer à des idéaux», développe Maxime Goffin. «Cela fait cinquante ans qu’on sait que notre comportement courra à la perte de notre planète, que notre modèle économique doit être repensé, mais aucun plan d’action n’a été jusqu’ici clairement formulé. Le pourquoi, on le connaît, ce n’est plus l’heure de s’y attarder. L’important, maintenant, c’est de définir ce qu’on va faire. Aujourd’hui, nous sommes là pour amener les leaders à réfléchir à des pistes concrètes.»
Pour challenger l’assemblée, ils n’hésitent pas à formuler des questions qui attendent des réponses concrètes. «On savait qu’on allait se retrouver noyés dans un océan d’initiatives, d’opportunités et de choses inspirantes sur papier, alors il nous fallait une bouée», poursuit Eline Le Menestrel. «Comment un business peut-il survivre aujourd’hui sans être dans la croissance de la consommation? C’est la première question que nous avons posée.»
Aucune solution miracle n’était attendue. Mais cette question a eu le mérite de résonner dans l’esprit des leaders présents, ou tout du moins de susciter leur intérêt: «Autour de moi, j’ai entendu des CEO dire qu’ils s’étaient déjà posé cette question sans savoir comment y répondre», affirme Eline. «De là, des débats et des discussions ont débuté entre les participants. Des pistes ont commencé à émerger.»
C’est la raison pour laquelle là où certains détracteurs pourraient voir en ce sommet un dialogue réservé à une élite, les jeunes de la Corporate ReGeneration préfèrent voir un événement qui a le mérite d’exister. «Il faut arrêter de se retrancher derrière l’idée que ce n’est pas ça qui va changer les choses», estime Charlotte. «C’est clair que ce sommet ne va pas tout solutionner du jour au lendemain. Mais au moins les chefs d’entreprise réunis à ce sommet se posent des questions et tentent de réfléchir à des solutions concrètes.»
Une réflexion à mener par toutes les générations
Aux côtés de grands noms du monde des entreprises, les petits entrepreneurs demeurent encore peu nombreux à ce sommet, la faute peut-être au coût de participation fixé à 2.500 euros pour rejoindre l’Alliance. «On gagnerait à ce que des entrepreneurs de tous les secteurs et de toutes les générations se joignent à cette alliance et à la réflexion qu’elle entend mener», affirme Maxime. «Je pense toutefois que certains jeunes entrepreneurs n’ont pas conscience qu’ils y ont accès alors que la Regenerative Alliance a mis sur pied un système qui permet notamment à certains alliés de payer les frais d’autres participants.»
Pour Maxime, tout comme pour Eline et Charlotte, la transition vers une économie plus régénérative n’est aujourd’hui plus une question de génération, mais bien d’engagement. Engagement que la Regenerative Alliance encourage via ce qu’elle appelle le «Pact for Triple Impact». A l’issue de son sommet annuel, chaque leader régénérateur s’engage ainsi à renforcer son engagement envers lui-même, les autres et la nature.