Discrimination à l’embauche: Actiris propose ses solutions
Être trop handicapé/e, pas assez européen/ne ou un peu trop vieux/vieille, c’est, aujourd’hui encore, un frein pour des personnes qui cherchent un emploi en Belgique, mauvaise élève européenne en ce qui concerne les discriminations.
A l’aube de l’année 2020, les demandeurs d’emploi n’ont toujours pas des chances équitables sur le marché de l’emploi. Un constat qu’Actiris prend à bras-le-corps: l’organisme bruxellois de la politique de l’emploi a lancé mercredi un nouveau numéro vert et un nouveau service pour lutter contre les discriminations à l’embauche.
Dénoncer, accompagner et avancer
Actiris Inclusive entend d’abord encourager les personnes victimes ou témoins de discriminations à parler, à signaler les inégalités de traitement. Le sous-rapportage est un sérieux frein dans la lutte que mènent plusieurs organismes. Cathy Van Remoortere, de la direction marché du travail et inclusion d’Actiris, insiste: «Les gens manquent de confiance envers les institutions et ils ne sont pas assez informés. Ils ne savent pas vers quelle instance s’orienter et, dans un second temps, ils ne croient pas vraiment que le fait de dénoncer les discriminations mènera à des solutions. Nous voulons répondre à ces deux défis en étant beaucoup plus accessibles, être un référent pour les personnes discriminées et leur montrer qu’on propose de vraies solutions. Notre travail n’est pas seulement de dénoncer les dérives, mais aussi d’encadrer ces personnes, leur offrir un suivi et leur proposer les différentes pistes de solutions.»
Le numéro vert (et donc gratuit) 0800/35.089 s’associe à un formulaire en ligne de signalement et des permanences de bureau en matinée pour recevoir, écouter et accompagner les victimes de discrimination. Un rendez-vous est alors fixé avec un référent spécialisé et formé pour analyser la situation, notamment en rappelant les droits de chacun. Mais cette nouvelle formule d’Actiris veut également aller plus loin. «Quand des personnes s’adressent à nous pour des problèmes de discrimination, la plupart du temps elles n’ont pas envie de se lancer dans de longues procédures, qu’elles soient juridiques ou non», explique Cathy Van Remoortere. «D’après les chiffres d’Unia, seulement 1% des plaintes vont jusqu’en justice. En fait, la plupart des gens constatent une discrimination, mais ce qu’ils veulent surtout, c’est retrouver du travail dès que possible. C’est ça qui compte.»
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Concrètement, la nouvelle formule de lutte contre la discrimination à l’embauche mise en place par Actiris s’organise autour de quatre missions: l’information auprès des personnes des alternatives possibles, la sensibilisation, l’orientation vers les bons interlocuteurs et la recommandation, «c’est-à-dire que sur la base de toutes les données qu’on recevra, on va formuler des recommandations aux décideurs institutionnels et politiques».
Nawal Ben Hamou, secrétaire d’Etat bruxelloise en charge de l’Egalité des chances (PS), s’en félicite: «Les recommandations que pourra nous transmettre Actiris vont être très utiles pour mieux lutter contre les discriminations. Vu l’importance d’Actiris sur le marché du travail bruxellois, on réalise le rôle essentiel qu’aura ce nouveau service.»
Une bonne nouvelle aussi pour les entreprises. Cathy Van Remoortere pointe l’objectif complémentaire de la branche «Actiris All Inclusive», un service d’accompagnement pour les entreprises qui veulent investir dans la diversité. «La discrimination à l’emploi, c’est une suite d’opportunités ratées pour toute la société, le travail ouvre beaucoup de portes aux chercheurs d’emploi, mais aussi aux employeurs qui font face ces dernières années à une pénurie importante. Tout le monde doit donc les dénoncer et agir.» Sur papier, les arguments sont nombreux pour qu’Actiris relève donc son double défi: dénoncer les discriminations à l’emploi, mais aussi et surtout y trouver des solutions.