Des Lego pour faire le point sur sa situation professionnelle
De nombreux salariés sont, un jour, amenés à se poser des questions sur leur situation professionnelle. Avec parfois à la clé un désir de se réorienter. Il n’est cependant pas toujours facile d’y voir clair. Pour les y aider, le Centre d’information et d’orientation (CIO) de l’UCLouvain propose des ateliers de réorientation professionnelle basés sur un jeu bien connu: les Lego.
Se réorienter professionnellement? L’idée a déjà traversé l’esprit de nombreux salariés. C’est pourquoi le Centre d’information et d’orientation (CIO) de l’UCLouvain organise, depuis début février, des ateliers destinés à aider à identifier et clarifier un désir de changement professionnel. Différentes méthodes sont utilisées au cours de ces ateliers; l’une d’entre elles s’appelle la méthode Lego Serious Play.
«Il s’agit d’une méthode par laquelle on invite les participants à associer la représentation de leurs idées par la construction de métaphores en 3 dimensions. Concrètement, on leur demande de construire avec des briques Lego certaines représentations qu’ils se font de leur situation professionnelle», explique Annick Dumoulin, conseillère et psychologue d’orientation au CIO de l’Université catholique de Louvain (UCLouvain).
Matérialiser sa situation
Durant trois heures, les six participants à la séance sont, par exemple, invités à construire avec des briques Lego la représentation qu’ils se font de leur situation professionnelle actuelle, de leur situation professionnelle rêvée ou encore celle qu’ils ont de leur responsable. Du choix des couleurs en passant par les formes des briques utilisées, chaque élément de la construction est porteur de sens. «Certains placent par exemple leur responsable sur une tour pour signifier qu’ils ne le trouvent pas accessible. Mais parfois, les constructions se font de manière inconsciente est c’est là que les choses deviennent également intéressante», estime la conseillère et psychologue d’orientation.
Ça a été le cas pour Perrine, 26 ans, employée dans un service client d’une chaîne de magasin: «J’ai placé certains éléments sur ma construction parce qu’ils me faisaient penser à des choses que je vivais dans mon boulot, mais sans savoir vraiment pourquoi. Ce n’est qu’après que ces éléments ont pris tout leur sens.» Car ces blocs de construction constituent avant tout un prétexte pour faire réfléchir les participants autrement, mais aussi les amener à matérialiser leur pensée.
Passé cette phase ludique, les participants sont ensuite invités à expliquer leur modèle et les sentiments qui en découlent. Un exercice renforcé par l’interaction entre les participants. «Chacun interroge et explique son modèle. Les autres participants peuvent poser des questions pour essayer de clarifier la situation. Au final, cela amène le groupe à réfléchir ensemble à ces représentations pour trouver des éléments de solution», développe Anick Dumoulin.
Nathalie, 46 ans, travaille dans le secteur associatif et a pu, elle, par cet exercice, identifier l’élément responsable de son mal-être au travail: «En échangeant avec les autres participants, j’ai compris que j’aimais toujours ce que je faisais, mais que je ne supportais plus l’environnement dans lequel je travaillais. Je n’aurais pas pris conscience de cela sans passer par cette phase de construction en Lego. On ne répond pas simplement à des questions comme dans un groupe de parole, on matérialise concrètement notre situation et ce qu’on ressent.»
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Reprendre des études
Si l’environnement et l’ambiance de travail constituent fréquemment un élément déclencheur au désir de réorientation professionnelle, d’autres prennent conscience, à l’issue de ces ateliers, qu’ils n’exercent pas ou plus ce qu’ils ont envie de faire. Une prise de conscience qui redirige parfois les participants vers une reprise d’études. «Depuis l’atelier, j’envisage de reprendre des études en cours du soir en design d’intérieur. Je me suis rendu compte que j’avais besoin de quelque chose de plus concret et de plus créatif, chose que je ne retrouve absolument pas tant dans mes compétences que dans mon poste actuel», confie Perrine.
Qu’ils se soldent par une reprise d’études ou un changement de carrière, aux yeux d’Annick Dumoulin, ces ateliers de réorientation permettent, en premier lieu, une prise de conscience collective: «Les gens pensent souvent qu’ils sont les seuls à être confrontés à ces questionnements parfois difficiles à vivre. En participant à ce type d’ateliers, ils se rendent compte qu’ils sont loin d’être des cas isolés.»