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De jeunes diplômés pleins d’espoir et de réalisme

Rédigé par: Philippe Van Lil
Date de publication: 22 nov. 2023

Olivier, Shanna, Antoine et Yaël sont de jeunes adultes fraîchement diplômés. Ils sont entrés il y a peu sur le marché du travail ou sont en passe de le faire. Quels sont leurs attentes, leurs espoirs, leurs appréhensions ? Nous sommes allés leur poser ces questions. Leurs témoignages nous démontrent à quel point la jeune génération envisage son avenir professionnel avec passion, réalisme et des pistes de travail souvent très variées.
Jeunes diplômés
Des projets à gogo en psychologie du travail
Yaël Freschel, 23 ans, est étudiante en assistanat en psychologie, en option Travail. Actuellement les yeux rivés sur son travail de fin d’études, elle sera diplômée en janvier. Son rêve professionnel ? Ouvrir un jour un centre de thérapie qui fera un focus sur le bien-être. Question de mettre toutes les chances de son côté, elle a entamé une formation d’un an pour devenir coach d’entreprise et coach de vie.

Avide de projets, elle nous confie : « Mon but premier est d’apprendre à chacun à s’écouter et à se connaître entre autres à travers l’hippothérapie, une thérapie clinique qui passe par la psychologie et le cheval. J’aimerais également organiser des séminaires et des séances de team building axés sur le bien-être des employés, tout en proposant mes services de freelance dans les entreprises dans le cadre de la prévention au burn-out. » Ce n’est pas tout : « J’ai un autre projet : créer une ASBL d’aide à la réinsertion d’anciens détenus dans la société. »

Si elle se montre ambitieuse, Yaël ne cache cependant pas « craindre un peu de ne pas être suffisamment reconnue dans mes projets pour les entreprises. Même si les hautes écoles sont aujourd’hui reconnues pour la qualité de leur enseignement, les universités gardent une forte notoriété. Devenir psychologue du travail est sans doute plus facile que trouver un emploi d’assistante en psychologie, option travail. »

Elle a toutefois bon espoir : « Le bien-être au travail est devenu une priorité pour les entreprises. Il en va de la santé des collaborateurs, comme des bénéfices qu’elles peuvent en tirer en termes financiers et de qualité de travail. La montée en puissance du télétravail offre aussi une nouvelle approche du monde de l’entreprise. Finalement, j’ai l’impression d’avoir fait le bon choix dans mes études. »

Un bioingénieur passionné de DJing
En ce moment, Olivier Crespin, 23 ans, termine un master de bioingénieur, spécialisé en sciences et technologies de l'environnement. Par la suite, il souhaite travailler sur un projet lié au contexte climatique et à la transition écologique : « Ce ne sera pas forcément dans la recherche, mais plutôt dans un projet ayant une dimension politique. Cette cause me motive à me lever chaque matin. »

S’il déclare n’avoir aucune crainte quant à la sécurité de l'emploi dans son secteur d’activité, Olivier « redoute toutefois de devoir dédier trop de temps de ma vie à mon travail. Si mon futur job me passionne, je risque de devoir y consacrer beaucoup de temps. Si, à l’inverse, il ne me plaît que moyennement, ce sera aussi un investissement de temps trop important à mes yeux. »

Il reconnaît aussi qu’il a une autre passion : « Depuis plusieurs années, j’ai développé un projet artistique avec beaucoup d’assiduité : je produis de la musique électronique, je fais du DJing, c’est-à-dire de la production de sons de musique électronique servant aux DJ, et je preste comme DJ dans des boîtes de nuit le week-end. Si j'avais vraiment le choix, je préfèrerais m’orienter dans cette voie sur le plan professionnel. Toutefois, il faut être réaliste : le métier de bioingénieur permettra de me procurer un salaire stable, en plus d’être particulièrement utile à la société. »

Olivier ne cache pas être quelque peu tiraillé entre ses deux passions. « Je suis en outre conscient de certaines formes de contradictions qui pourraient survenir. Si mon premier choix de devenir DJ professionnel venait à se concrétiser, il m’amènerait forcément à voyager fréquemment à l’international. Quand on désire avoir un impact positif sur la transition énergétique, il y a sans doute mieux à faire en termes d’empreinte carbone. »

Olivier Crespin [square]
Olivier Crespin, termine un master de bioingénieur

Une infirmière marketeuse
Shanna Badot, 23 ans, est détentrice d’un bachelor d’infirmière. Diplômée depuis juin 2022, elle exerce à présent son métier à mi-temps dans le service des urgences d’un hôpital bruxellois. Par ailleurs, elle est élève libre à l’université, où elle suit des cours en marketing et communication. Car, oui, « à côté de mes études, avec des amis, on a lancé notre propre marque de vêtements. J’apprécie mes deux activités professionnelles et l’équilibre qu’elles me procurent. D’un côté, le métier d’infirmière me donne l’occasion d’aider les gens, avec de beaux contacts humains à la clé. De l’autre, la marque de vêtements me permet d’exercer une activité plus artistique. »

Revenant sur sa phase estudiantine, Shanna souligne à quel point le cadre de travail est aujourd’hui beaucoup plus serein au sein des institutions hospitalières : « Lorsque j’ai effectué mes stages, nous étions en pleine crise du Covid. Cette période fut particulièrement éreintante : les soins à prodiguer étaient plus compliqués ; la charge travail, la charge mentale et la pression sur le personnel étaient fortes ; on rentrait à la maison après le boulot avec la peur de contaminer nos proches. Il est évident qu’aujourd’hui, même si nous devons continuer à faire attention, les contraintes ont diminué et l’ambiance de travail est bien plus agréable. »

Du fait de sa seconde occupation professionnelle, Shanna n’a cependant pas totalement fait baisser la pression : « À l’hôpital, tout le matériel est à ma disposition et je n’ai pas à gérer des stocks. Dans mon projet de marque de vêtements, je suis obligée de me débrouiller moi-même sur tous les fronts : prendre des décisions stratégiques, faire ma publicité, gérer les stocks, organiser des événements, établir des devis et factures, etc. Je dois davantage m’organiser dans le temps. »

Shanna Badot [square]
Shanna Badot,- détentrice d’un bachelor d’infirmière

Ingénieur du son, DJ et jobiste
Antoine Marotte, 24 ans, a terminé un bachelor en ingénieur du son en janvier 2023. Aujourd’hui, il exerce son métier à temps partiel en travaillant en postproduction dans le cinéma. « Mon job consiste à faire du montage son, du doublage et des bruitages pour des courts métrages. À côté de cette activité qui me procure du travail un ou deux jours par semaine, j’exerce deux autres boulots : je suis DJ dans des boîtes de nuit le week-end et j’ai gardé un job étudiant trois jours par semaine dans le domaine de l’agroalimentaire pour le compte d’un restaurant. »

À moyen terme, Antoine aimerait évidemment trouver un CDI comme ingénieur du son : « Ceci me permettrait de contracter un prêt à la banque et de commencer à investir dans l’achat d’un appartement. » À plus long terme, son ambition est de lancer sa propre société de production, voire son propre label : « D’un côté, je suis un passionné de cinéma et de toute la postproduction qui tourne autour. De l’autre, j’adore la musique et j’en produis moi-même. En ayant ma propre boîte, je pourrais fusionner les aspects audiovisuels et musicaux. »

Pour l’heure, même s’il doit mener trois jobs de front, il ne perd pas espoir de décrocher un contrat plus conséquent dans son métier de base : « Jusqu’à présent, le seul CDI que j'ai trouvé se situait en Flandre, à une heure et demie de transport de chez moi. Si j’avais accepté une telle offre, j’aurais passé ma vie à uniquement travailler et à être dans les transports en commun. Or, je n’ai pas envie de baser toute ma vie sur le travail. Vu que j'habite Bruxelles, je reste toutefois optimiste ; c’est l’endroit idéal pour trouver un travail dans mon secteur, car la plupart des entreprises sont implantées ici. »
 

     Antoine Marotte [square]
 Antoine Marotte,détenteur d'un bachelor en ingénieur du son