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Ailleurs ou autrement ?

Rédigé par: Magali Duqué et Philippe Van Lil
Date de publication: 16 juin 2023

Travail hybride, télétravail, travail à distance, nomadisme professionnel, remote… Appelez-le comme vous voulez ! Du jour au lendemain, il s’est installé dans nos vies (professionnelles et privées). Aujourd’hui, ne plus aller tous les jours au bureau est devenu la norme, pour beaucoup. Et parfois même une nécessité ? Regards croisés - et nuancés - sur ce phénomène de société qui chamboule notre vision du travail et notre lien à l’entreprise.

Bureux Silversquare
Espace de coworking de Silversquare

Et si on jetait d’abord un œil sur les débuts du travail à distance… qui ne datent pas d’hier ? Ni d’une obligation liée à la pandémie mondiale ! À l'évidence, pas de télétravail sans télé…coms ! L'Américain Norbert Wiener fut l’un des premiers à le pratiquer dès les années 1950. En tant que père fondateur de la cybernétique, il a largement contribué à l'émergence des multiples technologies de l'information actuelle. Recourant aux divers moyens de communication à sa disposition, Wiener a pu - par exemple - assurer la direction des travaux de construction d'un bâtiment aux États-Unis, alors qu'il se trouvait en Europe. Progressivement, les moyens disponibles se sont étoffés, notamment avec l'apparition du fax dans les années 70. Le mot « Telework » apparaît d’ailleurs pour la première fois en 1972 dans les colonnes du Washington Post. Les années 1990 vont véritablement donner lieu à une explosion du phénomène : c’est la généralisation des connexions internet dans les entreprises comme dans le grand public. La vogue est telle que, sous l'impulsion de la France, le thème du télétravail est abordé lors des travaux du G7 de 1995… à Bruxelles ! Dès cette époque, on est conscient des avantages non seulement économiques, mais aussi sociaux et environnementaux qui en dérivent : moins de déplacements, moins de pollution. Cette prose de conscience mènera en 2002 à la signature d'un accord-cadre européen non contraignant sur le travail hors des locaux de l'entreprise. Désormais le télétravailleur bénéficiera des mêmes droits qu'un travailleur physiquement présent dans l'entreprise.

Un choix personnel ou professionnel ?

Toutefois, aujourd’hui encore, le télétravail n’a pas encore acquis toutes ses lettres de noblesse. Au sein de nos entreprises, seuls quelque 12 % des employés bénéficient d'une indemnité de télétravail… qui s’élève en moyenne à 37 € à peine par mois ! Même si les coûts liés au transport domicile-entreprise diminuent d’un côté, il est difficilement envisageable de travailler dans un endroit non chauffé de l'autre. Avec la hausse des factures d'énergies, pas moyen d'y couper : même travailler de chez soi représente un fameux coût. Jusqu’il y a peu, en dépit de moyens technologiques de plus en plus sophistiqués, nombre d'entreprises se montraient particulièrement frileuses à l’égard du télétravail. Raison invoquée par bien des managers ? Un manque de contrôle de leurs collaborateurs. 2020 et un certain coronavirus ont évidemment changé la donne : tout le monde était au pied du mur. Depuis lors, le télétravail est authentiquement entré dans les mœurs. Mieux - ou pire ? Depuis la fin de la crise sanitaire, bien des collaborateurs le considèrent comme un droit acquis. Soucieux de leur fameux esprit d’entreprise, certains patrons font la grimace.

Une (r)évolution

Olivier Dufour, manager chez Page Personnel, met ces patrons-là en garde : « En tant qu’entreprise aujourd’hui, ne pas proposer le télétravail n’envoie pas un message positif aux candidats potentiels. Cela crée une image moins agile de l’entreprise, moins flexible dans sa mentalité, et cela la rend moins attractive. » Les mentalités évoluent cependant. Preuve en est la conclusion d’une récente enquête menée par Acerta : 88 % des 500 chefs d'entreprise sondés déclarent désormais faire « confiance », voire « très confiance » à leurs collaborateurs qui télétravaillent. En 2021, ce taux n'était encore que de 68 %. L’arrivée des jeunes générations sur le marché de l’emploi n’est certainement pas étrangère à cette évolution. Pensons en particulier à tous ceux qui ont débarqué sur le marché de l’emploi juste avant, ou en pleine crise sanitaire : biberonnés à la flexibilité, ils se sont immédiatement retrouvés dans une situation de télétravail forcé. Passé la crise, imagine-t-on sérieusement leur imposer le retour forcé au bureau ? Au nom de quel intérêt ? Ils ont démontré à suffisance qu’ils ont développé une méthode de travail qui fonctionne. Olivier Dufour confirme : « Les gens sortis de l'école en 2020 ont quasiment passé 3 ans à la maison. Pour eux, le lieu d’habitation est devenu plus que jamais le point d’ancrage de base. »

La distance a ses limites

Mais (parce qu’il y a un mais !), il ne faut mettre ni tous les employeurs ni tous les travailleurs dans le même sac. Parmi ces derniers, ils sont nombreux à ne pas souhaiter du « teleworking hardcore ». Tout le monde ne dispose pas chez soi de suffisamment d’espace pour travailler, de tous les équipements nécessaires ou tout simplement d’un entourage familial à même de supporter un tel fardeau supplémentaire à la maison. Et puis, disons-le franchement : nous sommes des animaux sociaux ; nous avons besoin de contacts humains en présentiel. On l’a bien vu, le confinement n'a pas fait que des heureux en termes de santé mentale. Pour beaucoup d’entre nous, le retour au bureau a cassé notre isolement et constitué un véritable soulagement.

Dans ce débat sur le télétravail, la solution tend en réalité vers la nuance. Celle-ci porte un nom : le travail hybride. Aujourd'hui, la plupart des travailleurs y aspirent. Quelques jours à la maison, quelques jours en entreprise, chacun pour ses propres raisons : rencontrer les collègues, en mode formel dans des réunions ou informel autour de la machine à café ; en horaires fixes, décalés ou discontinus ; pour des projets qui nécessitent la présence d'une équipe complète ou pour le plaisir d’être là. Arrêtons de devoir tout motiver !

De leur côté, les employeurs, qui ont parfois bien de la peine à faire revenir des collaborateurs réticents, en restent évidemment très demandeurs. L'entreprise étant par essence un projet collectif, il faut aussi comprendre qu’il est difficile de maintenir un esprit de cohésion si chacun reste dans son coin. Insuffler une culture d'entreprise, c’est aussi souder les équipes.

Des espaces inspirants

Coworking Silversquare
Espace de coworking de Silversquare

Question de terminer notre réflexion sur une note grâcieuse, songeons aussi que si travail hybride il y a, il ne doit pas nécessairement se dérouler ni à domicile ni au sein de l’entreprise. Ce qu’il faut avant tout, ce sont des espaces inspirants, des endroits qui donnent envie de travailler, de bosser, de se surpasser… Encore une fois, appelez cela comme vous voulez.

Il existe de nombreux espaces de coworking parfaitement adaptés, attrayants, stimulants, éventuellement proches de l'habitation du travailleur. Ou de ses déplacements professionnels et autres meetings. Sur la décoration de ses locaux à Liège, un acteur du coworking comme Silversquare, par exemple, n’a pas hésité à faire appel au designer d’origine liégeoise Jean-Paul Lespagnard, un artiste reconnu sur la scène internationale. Avec son Chai Bar, ses espaces de rencontres et sa « salle de jeux », tout est en place pour rendre cette nouvelle habitude… encore plus trendy. Et pour vous, c’est quoi le mode de travail idéal ?