SAP rajeunit son image via le « Californian dream »
L'entreprise informatique a invité certains jeunes à haut potentiel à rejoindre sa SAP Sales Academy en Californie. Objectif : se rendre plus sexy auprès de candidats qui, nés avec un iPhone dans la main, sont plus en phase avec les nouvelles attentes des clients.
Nele Verhoeven est une jeune femme heureuse. Invitée il y a quelques mois à participer à une expérience qu'elle qualifie d'« extraordinaire » en Californie (lire encadré), elle est désormais l'un des exemples que l'entreprise informatique SAP met en exergue afin de rajeunir son image.
Beaucoup de gens connaissent SAP, commente Bruno Kindt, directeur des ressources humaines Belux. En partie pour de bonnes raisons puisque nous avons fondé notre succès sur les systèmes ERP (Enterprise Resource Planning, NDLR) qui ont été adoptés par de très nombreuses entreprises. Mais aussi, en partie, pour de mauvaises raisons, car cette activité pèse moins de 20 % de notre business aujourd'hui.
Autrement dit, l'entreprise a changé, s'est bien évidemment adaptée aux bouleversements du monde informatique et aux nouvelles attentes des clients. Avant, notre interlocuteur était le responsable IT qui centralisait en quelque sorte toute la procédure d'implémentation, poursuit Bruno Kindt. Désormais, nous avons de multiples interlocuteurs au sein des entreprises, au niveau de la direction financière, du marketing, de la gestion des ressources humaines. Nous ne pouvons plus nous présenter avec une solution globale, mais avec des réponses flexibles à des besoins très déterminés.
Tout cela pour introduire l'idée que la jeune génération peut trouver tout autant son bonheur chez SAP que chez Google ou d'autres acteurs de l'univers IT qui ont plus récemment émergé et s'y sont construit une image beaucoup plus sexy. Nous devons rajeunir nos cadres, assure le DRH qui souligne pourtant que l'entreprise, qui emploie quelque 250 personnes en Belgique, bénéficie pourtant d'une moyenne d'âge assez jeune, de l'ordre de 39 ans. Nous devons attirer ces jeunes qui sont nés avec un iPhone dans la main, qui sont plus en phase avec des interlocuteurs qui se sont aussi renouvelés chez nos clients, et dont nous attendons bien évidemment qu'ils nous apportent de la fraîcheur et des idées nouvelles.
La SAP Sales Academy s'inscrit dans ce mouvement. Cette « université de la vente » existe depuis quelques années, mais la Belgique n'avait pas encore eu l'occasion, jusqu'à présent, d'y envoyer des représentants : deux, très précisément, parmi les cent dix participants en provenance d'Europe au sein de cette Academy ouverte aux jeunes de SAP en provenance du monde entier.
Nous avons mis en route en amont une machine complexe pour attirer des candidats, expose Bruno Kindt. Nous avons travaillé avec les universités, fait appel aux ressources du marketing viral afin d'identifier deux cents profils susceptibles d'intégrer notre Sales Academy. Nous les avons invités à passer une première série de tests en ligne afin de vérifier leurs aptitudes à la vente, mais aussi des compétences très pratiques comme la maîtrise de l'anglais, évidemment indispensable pour une formation de neuf mois qui se déroule en partie en Californie.
À l'issue de ce premier test, seuls vingt candidats ont été retenus qui ont ensuite participé à des entretiens d'évaluation avec un responsable et un recruteur de l'entreprise. Les six profils qui ont émergé ont passé quant à eux une journée complète d'assessment avec des membres du management de SAP, l'idée étant de leur permettre d'intégrer le rôle d'un commercial confronté à la demande d'un client : ils avaient huit heures pour lui proposer une solution. Au final, ce sont deux jeunes femmes qui ont émergé, sourit le DRH. Pas mal, pour une entreprise qui reste composée à 75 % d'hommes !
La suite du programme était évidemment la plus alléchante. Sous la forme d'un cursus de neuf mois, suivi en partie en Californie, au sein de cette SAP Sales Academy : quelques semaines sur place pour apprendre les produits, les procédures, la philosophie de vente, suivies d'un retour au pays pour la mise en pratique, accompagnée d'un mentor auprès des clients.
De quoi permettre à ces jeunes recrues, au retour, de prétendre... exercer la fonction de leur chef ? Elles ont toutes deux un haut potentiel, mais c'est la règle chez nous, assure Bruno Kindt. Autrement dit, elles ont encore tout à prouver, en ayant c'est vrai de très belles cartes en main. Du reste, l'organisation est très plate chez nous : nous raisonnons moins en termes de hiérarchie qu'en termes d'équipes. La vraie question que se posent celles et ceux qui travaillent avec elles est : comment vont-elles nous permettre d'atteindre nos objectifs ? Celui du DRH est, quant à lui, déjà connu : Mon défi, ce sera de les garder chez nous, conclut-il. Car il est indéniable que leur valeur a fortement augmenté sur le marché...
Benoît July