(Im)mobilité durable ?
C’est sans doute au moment où notre liberté de mouvement est la plus entravée, que nous mesurons avec justesse ce que la mobilité représente. En termes de liberté, de relations sociales, de bien-être physique et psychique, de productivité, d’énergie mais aussi d’impact. Paradoxal ? Peut-être pas.
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C’est en effet souvent en perdant, même temporairement, ce qui était devenu un acquis que nous apprécions sa réelle valeur. Sans doute notre dépendance aussi. Mais également notre capacité à nous adapter. Et notre résilience.
Car oui il y a eu choc, traumatisme. La situation est incontestablement inédite à plus d’un titre. Cette pandémie à laquelle nul n’était préparé s’est imposée à nous brutalement. Les réponses à lui apporter collectivement aussi. Tels les confinements et les restrictions. Si ces réponses ne recueilleront probablement jamais une parfaite unanimité, l’efficacité manifeste de leurs effets tend à renforcer constamment leur légitimité.
L’impact sur la mobilité est un fait particulièrement tangible. Tant positivement que négativement, selon les sujets touchés et les points de vue. Et il a lui aussi été abrupt. En effet, passer si rapidement d’un mode de vie impliquant une quantité de déplacements professionnels et personnels depuis si longtemps en croissance constante, effrénée, débridée, à celui d’aujourd’hui, confiné, statique, presque immobile, avec une telle immédiateté relève aussi de l’inédit. C’est justement cet inédit qui doit nous faire réfléchir. Le momentum, et plus largement toutes les conséquences découlant de la crise sanitaire qui le définissent, ne représentent-ils pas une occasion unique de repenser en profondeur nos pratiques - notamment professionnelles - pour insuffler une dynamique durable de changement ?
Chaque jour de nouvelles conséquences sur nos modes de vie et sur nos organisations sont engendrées par cette crise, inédite au XXIe siècle. Tragiques à plus d’un titre, ne constituent-elles pas néanmoins une formidable opportunité, tout aussi inédite ? Celle de prendre, enfin, la mesure de l’urgence environnementale. De dépasser le stade des idées et la vision de perspectives hypothétiques et abstraites à une échéance incertaine. De dépasser le « greenwashing », les promesses non tenues, les semblants d’actions et les demi-mesures hésitantes. De saisir l’opportunité de s’engager dans une direction différente et d’amorcer une vraie transition vers des modèles économiques et sociétaux plus durables.
Si nous pouvons tous agir individuellement, à titre personnel et professionnel, certains acteurs peuvent le faire à une échelle plus importante et à un niveau plus collectif. C’est notamment le cas des entreprises mais aussi celui des gouvernants, qui conditionnent le cadre dans lequel ces dernières peuvent agir.
La mobilité durable (ou éco-mobilité) se trouve au cœur des possibilités de changement afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais le concept d’éco-mobilité ne devrait-il pas dépasser la stricte notion de déplacement ?
La mobilité peut être réfléchie dans sa globalité et notamment en termes d’accessibilité et d’efficience économique et environnementale. Il s’agit de faciliter et optimiser les déplacements, en coordonnant davantage les politiques de mobilité et de développement territorial, notamment pour favoriser les modes de transport doux, les transports en commun ou le covoiturage.
Progresser vers une mobilité plus durable suppose également des questionnements au niveau de nos modes de vie, impliquant une réflexion individuelle et collective sur les besoins de déplacements au regard de toutes les possibilités qu’offre par exemple le télétravail, et les outils de communication et collaboratifs.
Les entreprises peuvent créer de nouvelles dynamiques collectives, insuffler des changements ou infléchir des tendances. Par leurs activités et les ressources qu’elles mettent en œuvre, elles représentent donc à la fois des acteurs particulièrement impactants mais aussi d’importants vecteurs potentiels de changement.
Le dossier qui suit a vocation à susciter le débat par le partage d‘idées et d’expériences tentées. En tant que média, « Références » souhaite donner de la visibilité aux initiatives et aux entreprises innovantes. C’est pourquoi nous avons invité, autour d’une table ronde, des entreprises impliquées dans la mobilité durable à discuter et à échanger avec le ministre fédéral de l’Économie et du Travail Pierre-Yves Dermagne.
En parallèle, Jobat, notre homologue au nord du pays, a décidé de joindre ses efforts à De Lijn et à l’Antwerp Management School, dans la création d’un label de mobilité durable au travail d’ici 2021. Avec pour objectif déclaré d’avoir un impact significatif sur le bien-être des employés en termes de travail hybride et de mobilité intelligente.
En soutenant les entreprises qui saisissent l’opportunité de se réinventer, en mettant en œuvre des modèles plus durables, nous souhaitons aussi en inspirer d’autres. Démontrer le bénéfice, notamment en termes d’attractivité employeur pour les entreprises, participe de cette même volonté.
Pour y parvenir collectivement en tant que société, il nous faudra sans aucun doute prendre des risques, nous remettre constamment en question et nous départir de certaines de nos habitudes les plus solidement ancrées.
Cela nécessitera le courage d’admettre les failles et fragilités que cette crise a dévoilées tout en cristallisant les forces qu’elle a également révélées.
Nos capacités d’innovations, de coopération et de solidarité pourront alors s’exprimer, au service de la refonte de nos modèles vers plus de durabilité et de responsabilité sociétale.
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